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Abdelaziz Essid : L’arrestation de Sami Fehri concerne la résolution d’un ancien différend avec Slim Riahi

Sami Fehri et Slim Riahi : les frères ennemis.

Dans une publication Facebook parue ce matin, 6 novembre 2019, Abdelaziz Essid, avocat de la chaîne de télévision privée El Hiwar Ettounsi, a indiqué que l’arrestation, en détention préventive, du patron de ce média, Sami Fehri, qui a eu lieu hier soir, 5 novembre 2019, n’avait pas pour motif l’affaire Cactus Prod, mais celle de l’ancien partenariat avec Slim Riahi et la façon avec laquelle les deux parties avaient résolu le différend concernant la société Eight Prod.

Mécontent et estimant que son client est victime d’abus, l’avocat a affirmé que les documents liés à cette affaire ne contenaient aucune irrégularité ni infraction. «Pourtant, le procureur général a décidé d’arrêter Sami Fehri, le représentant d’Eight Prod et l’administratrice judiciaire, [le soir-même du premier jour de l’enquête], à 21h30, après 13 heures d’interrogatoire», a-t-il déploré.

«Par la suite, des dizaines de descentes et de perquisitions policières ont été lancées au siège de la société, de celui de la chaîne, de la maison de Fehri où il n’y avait que ses deux filles mineures, et des domiciles de quelques proches et amis», a-t-il encore regretté, ajoutant que les fouilles se sont poursuivies jusqu’à l’aube, après la prière du Fajr.

«Je me demande ce qu’ils cherchaient au juste. Des drogues ? Des armes ? En tout cas, il n’ont rien trouvé de tel… Mais d’après moi, ils cherchaient l’enregistrement de l’enquête du financement d’Ennahdha !!!», a-t-il écrit, faisant allusion à l’émission télévisée qui a été préparée par El Hiwar Ettounsi et dont la bande-annonce, diffusée la semaine dernière, promet de mettre la lumière sur la corruption financière du parti islamiste, au pouvoir depuis 2012. «De toute façon, même celle-là ils ne l’ont pas trouvée», a-t-il ajouté, donnant ainsi à l’affaire une dimension conspirationniste.

«Aujourd’hui, les procédures et les audiences vont se poursuivre… sans qu’il n’y ait une affaire devant la justice… Il n’y aura même pas de juge d’instruction chargé de superviser le dossier… Seul le ministère public agit. Il interdit de voyager, décide d’arrêter, autorise des perquisitions, etc. Même dans les plus grandes affaires de terrorisme, on n’a pas vu cela !!», a-t-il conclu.

Reste que la justice est dans son rôle d’enquêter sur les pratiques louches de toute personne, même s’il s’agit, comme dans le cas présent, d’un magnat de la télévision. Et dans ce cas aussi, l’affaire avait déjà été soulevée, il y a quelque temps, par Slim Riahi, lui-même poursuivi dans des affaires de corruption et de blanchiment d’argent et en fuite à l’étranger depuis décembre 2018, et elle fit d’ailleurs beaucoup de bruit dans les médias, avant que les deux hommes ne règlent le différend à leur manière, pas très orthodoxe, et deviennent très copains, au point que Sami Fehri a pris la peine d’aller interviewer Slim Riahi dans son exil français et lui fournir une tribune inespérée pour se défendre et régler ses comptes avec ses adversaires. Et c’était en pleine campagne électorale pour les législatives et la présidentielle auxquelles Slim Riahi était candidat, par une curieuse coïncidence dont les deux hommes ont le secret, secret que, justement, la justice recherche !

Cherif Ben Younès

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