Le député Al-Karama, Mohamed Affes, estime que le chef du gouvernement désigné, Elyes Fakhfakh, ne peut pas représenter le peuple tunisien à cause de son extrémiste laïc (sic!). «Vous êtes contre les lois criminalisant l’homosexualité et la consommation de la drogue. Vous annoncez publiquement et, sans honte, que vous consommez de l’alcool et vous défiez la charia de dieu», lui a-t-il notamment «reproché».
Le député de la coalition Al-Karama, regroupant des extrémistes religieux, a tiré à boulets rouges, ce soir, mercredi 26 février 2020, lors de la séance plénière consacrée au vote de confiance pour le gouvernement.
Mohamed Affes a également reproché à Elyes Fakhfalh d’être en faveur de l’ouverture des cafés pour les non-jeûneurs lors du mois de ramadan, d’accepter que des couples non mariés puissent louer une chambre d’hôtel, et de prôner la parité et l’égalité entre les sexes : «vous défiez la charia de dieu», a encore accusé le député extrémiste.
«Vous faites tout cela pour plaire aux Français», a encore lancé Mohamed Affes, en citant, entre deux phrases, des versets du Coran pour appuyer ses déclarations.
Il s’en est ensuite pris à Chokri Ben Hassen (proposé au ministère de l’Environnement), qu’il a accusé d’avoir, sous le règne de Ben Ali, fait des «rapports sur les barbus» (traduire: les islamistes), puis à Mohamed Abbou (ministre d’Etat chargé de la Fonction publique, la Gouvernance et Lutte contre la corruption), à qui il a reproché d’avoir annulé, lorsqu’il était ministre de la Réforme administrative du 24 décembre 2011 au 30 juin 2012, le repos du vendredi après-midi, qui permettait aux fidèles de se rendre à la prière du vendredi…
Dans son élan, le député islamiste s’adressera aussi à Mohamed Hamdi (ministre de l’Education), pour lui demander s’il va annuler ou non l’éducation sexuelle dans les écoles, estimant que cette matière encouragerait la débauche (sic!).
Le député a ensuite demandé à Chiraz Laatiri (ministre des Affaires culturelles) d’affirmer ou de démentir ses probables liens avec les sionistes, selon ses termes.
«Je vous demande d’abandonner votre nationalité française et votre discours laïc extrémiste», a-t-il lancé, en s’adressant à M. Fakhfakh, en affirmant qu’Al-Karama n’accordera pas la confiance au gouvernement, qu’il accuse de servir les intérêts de «la bande de francophones».
Prenant la parole peu de temps après, le porte-parole d’Al-Karama, Seifeddine Makhlouf, se dira fier de ses députés : «Les députés Al-Karama sont les fleurs de ce parlement. Je suis fier d’être le président de ce bloc parlementaire, qui regroupe des personnes patriotes et qui sont là pour travailler».
Y. N.
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