Garçon de bonne famille au look de premier de la classe, Fadhel Abdelkefi est le candidat préféré du milieu des affaires, des islamistes d’Ennahdha, de Qalb Tounes – parti de son sulfureux ami Nabil Karoui – et de la bourgeoisie tunisienne pour accéder à la Kasbah. Bref, M. Abdelkefi est le candidat de l’establishment, le profil type qui ne sied pas à Kaïs Saïed et à son électorat populaire.
Par Imed Bahri
Fadhel Abdelkefi, le candidat de l’establishment et du système par excellence est le directeur général de l’intermédiaire en bourse Tunisie Valeurs, récemment cédé à la Biat, et membre du conseil d’administration de cette même Biat – l’une des principales banques privées de place –. C’est un profil hors-sol aux antipodes du président du peuple Kaïs Saïed et de l’électorat de l’intérieur du pays, des quartiers populaires et de la jeunesse qui a porté au pouvoir M. Saïed.
Nommer Abdelkefi chef de gouvernement, c’est trahir cet électorat. Comment les islamistes d’Ennahdha et le «communicant» Nabil Karoui ont pu l’oublier? À ce point les islamistes d’Ennahdha se sont embourgeoisés et sont devenus déconnectés de la réalité tunisienne, eux qui sociologiquement sont composés à la base par la Tunisie populaire et modeste réfractaire à celle des privilégiés. Apparemment, ils se sont embourgeoisés et ont fini par oublier leurs origines! La vérité fait mal mais il faut la rappeler.
Des islamistes embourgeoisés veulent intégrer l’establishment
D’ailleurs nos islamistes se sont tellement embourgeoisés que leur électorat les a lâchés et ils ont été obligés, la ruse de Ghannouchi aidant, à créer une entité annexe (une filiale dans le langage business de M. Abdelkefi) nommée frauduleusement Al-Karama pour ramasser l’électorat déçu par l’embourgeoisement d’Ennahdha.
Cette annexe du parti islamiste canalise toutes les haines et frustrations sociales dans une seule et unique entité! Grâce à cette trouvaille ghanouchienne, le dénommé «chabab al-ghadhab» (jeunesse islamiste en colère) a été récupéré indirectement par la maison mère (comme on dit dans le langage business de M. Abdelkefi) Ennahdha.
Voilà pour ce qui est du désormais embourgeoisé parti Ennahdha qui, aveuglé par son embourgeoisement, a oublié ses origines modestes et choisit un candidat hors-sol de l’establishment.
Quant au «communicant» Karoui, qui adore jouer au rôle de «Si Lemhaff» se croyant l’homme le plus rusé de Tunisie, s’il était réellement «mhaff» et s’il était vraiment et réellement un vrai communicant, comment pourrait-il choisir un garçon pur produit de l’establishment? Un «communicant», de surcroît se prétendant «mhaff» et jouant à l’ami des pauvres et qui sillonne les routes sinueuses de la Tunisie rurale la larme à l’œil, comment peut-il présenter à un tel candidat au président Kaïs Saied?
Et bien, le copinage, les liens d’amitié intéressée ou pas et les réseaux d’influence prennent toujours le dessus et gagnent la partie. Ou bien l’intermédiaire Youssef Zarrouk, ami en commun de Karoui et de Abdelkefi, pièce maîtresse de Qalb Tounes, a-t-il insisté auprès de son «petit frère» Nabil pour maintenir le choix de Abdelkefi?
Il est clair que depuis le club nautique de Sidi Bou Saïd, avec l’entre-soi des riches qui jouent au poker, on perd de vue la réalité du pays et on peut croire que le profil d’un financier de l’establishment serait le profil propice. Reste à savoir propice à quoi et utile pour qui ?
La décision n’est pas au Bardo mais à Carthage
De toutes les façons, la décision de nommer et de qui nommer à la Kasbah ne revient ni à l’embourgeoisé Ghannouchi, ni à son compère Karoui et encore moins à M. Zarrouk mais au président Kaïs Saïed, un homme de droit, droit, austère, honnête, loin de l’entre-soi des privilégiés, loin des réseaux, qui ne joue pas au poker, qui est au fait de la réalité du pays et qui ne nommera jamais à la Kasbah le candidat (et le chouchou) du microcosme des affairistes déconnectés de la réalité.
D’ailleurs un de proches de M. Saïed qui ont participé à sa campagne, Kaïs Karoui (oui ça ne s’invente pas) a écrit sur sa page Facebook: «Nous lui avons passé le message que c’est non pour le candidat de Tunisie Valeurs (Fadhel Abdelkefi)».
Le président ne sacrifiera certainement pas son électorat et sa grande popularité pour plaire au microcosme de privilégiés de l’establishment. Il a encore toute sa tête et toute sa raison. Ceux qui croient encore que M. Saïed pourrait nommer le candidat de l’establishment M. Abdelkefi à la Kasbah courent derrière la poussière pour réprendre l’expression du très arabophone M. Saïed (يلهثون وراء السّراب).
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