Face au rebond épidémique, un peu partout dans le monde, se dirige-t-on vers un «reconfinement» semblable à celui du printemps 2020 ? La question est notamment d’actualité en Tunisie où le pays connaît de plus en plus de cas de coronavirus et également de mesures préventives, telles que le couvre-feu dans le Grand Tunis, décrété pour deux semaines au minimum. Qu’en pense l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ?
Bien qu’il n’y ait pas eu de communication officielle à ce propos par l’organisation mondiale, le docteur David Nabarro, envoyé britannique à l’OMS, souhaite que les dirigeants du monde cessent de «recourir au confinement comme méthode de contrôle principale» de l’épidémie.
Le spécialiste a estimé, en effet, dans une entrevue accordée au magazine anglais «The Spectator», samedi dernier, 10 octobre 2020, que le confinement sanitaire ne doit être envisagé que «pour se donner du temps [aux politiciens] pour se réorganiser, se regrouper, rééquilibrer les ressources du pays et protéger les professionnels de la santé qui sont épuisés». Mais, dans l’absolu, «nous préférons ne pas le faire», affirme-t-il.
Les raisons sur lesquelles il s’est appuyé sont évidemment économiques et sociales. Nabarro pense que le confinement a pour conséquence de rendre les pauvres encore plus pauvres, d’autant plus que, sur le plan sanitaire, «nous n’avons pas d’informations suffisantes sur le nombre de vies sauvées» grâce à cette mesure.
«Les confinements n’ont qu’une seule conséquence, que vous ne devez jamais minimiser, c’est de rendre les pauvres beaucoup plus pauvres […] Regardez ce qui arrive aux niveaux de pauvreté. Il semble que nous pourrions bien avoir un doublement de la pauvreté dans le monde d’ici l’année prochaine. Nous pourrions bien avoir au moins un doublement de la malnutrition infantile», développe-t-il.
De son côté, le directeur général chargé du Programme de gestion des situations d’urgence sanitaire de l’OMS, Mike Ryan, avait déclaré sensiblement la même chose lors d’une conférence de presse donnée la veille, au siège de l’organisation à Genève.
«Ce que nous voulons éviter – et, des fois, c’est inévitable et nous l’acceptons –, mais ce que nous voulons éviter, ce sont ces grands confinements qui sont si pénibles pour les communautés, les sociétés et pour tout», avait-il alors lancé.
C. B. Y.
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