Alors que l’économie tunisienne tarde à redémarrer, la Biat a annoncé ses bons résultats pour 2014. Au bonheur de ses actionnaires, petits et grands porteurs.
Par Zohra Abid
C’est ce qui ressort des différents rapports du conseil d’administration de la première banque privée tunisienne, qui a enregistré, à la veille de ses 40 ans (déjà?), une évolution au niveau des principales composantes de ses activités.
Ces chiffres qui rassurent
Les rapports présentés, lors de l’assemblée générale ordinaire des actionnaires de la Banque internationale arabe de Tunisie (Biat), lundi 1er juin 2015, à l’hôtel The Residence, à Gammarth, banlieue nord de Tunis, par Ismaïl Mabrouk, président du conseil d’administration, en présence des administrateurs et des actionnaires, sont très rassurants sur l’état de santé de cette banque, qui a terminé l’année 2014 en beauté avec des dépôts d’une valeur de 7.500 millions de dinars (MD), ce qui la classe au premier rang national.
«Il ressort du rapport général une consolidation de la position de leader qu’occupe la Biat sur le marché depuis des années en termes de dépôts, dont le volume a progressé de 6,8% par rapport à l’année dernière. Il ressort aussi une évolution de 5,4% des crédits octroyés à la clientèle, qui ont été portés à 6.350 MD», a annoncé M. Mabrouk. Autre indicateur satisfaisant: les charges ont été maîtrisées et n’ont augmenté que de 5,9%. «Ceci a permis de réduire le coefficient d’exploitation de plus de 2 points, pour s’établir à 50,6% en 2014», s’est encore félicité M. Mabrouk.
Les ratios de gestion et de rentabilité sont, elles aussi, à des niveaux rassurants avec un ROAE (rentabilité des fonds propres) de plus de 15 %, un taux de couverture des CDL par les provisions de plus de 70% et un ratio global de couverture des risques de 10,64%, dépassant le niveau règlementaire fixé à 10%.
Avec un volume de produit net bancaire (PNB) de 487 MD, en progression de 10,7% par rapport 2013, la Biat a enregistré, par ailleurs, un bénéfice net de 102,4MD, en légère baisse par rapport à 2013, mais suffisant pour permettre une nouvelle consolidation des réserves et une bonne rémunération.
«Le siège des petits porteurs ne sera jamais vide», a tenu à souligner Ismaïl Mabrouk.
22 places gagnées à l’échelle africaine
Ces performances ont valu à la Biat d’être élue «meilleure banque en Tunisie» par des revues internationales spécialisées, comme cela a été fait dernièrement par le magazine ‘‘African Business’’, publiée à partir de Londres, qui l’a classée au 1er rang du système bancaire tunisien et au 36e au niveau africain, devant la BNA (39e), la BH (56e), la Banque de Tunisie (61e), Amen Bank (67e), UBCI (72e) et Attijari Bank (83e). Dans ce même classement, la Biat a gagné 22 places par rapport à 2013, a encore souligné M. Mabrouk.
Le management reste cependant conscient qu’il reste encore du chemin à parcourir pour pouvoir concurrencer les banques sud-africaines, dont 4 occupent la tête du classement africain, ou encore celles du Maroc, qui occupent d’honorables 5e et 6e rangs.
Si la banque affiche aujourd’hui bonne mine, c’est grâce aussi à ses outils d’expertise modernes et à la diversification de ses activités citoyennes, notamment dans les régions intérieures. Cette évolution est le fruit d’une bonne gestion des activités au niveau central et des 185 agences que compte désormais la banque, après l’ouverture de 16 nouvelles agences dans différentes régions du pays.
«Déterminée à renforcer sa vocation citoyenne, la Biat a poursuivi ses activités de mécénat et de sponsoring notamment dans les domaines du sport, de l’art et des activités associatives», a indiqué M. Mabrouk, qui s’est félicité des nombreuses activités sponsorisées par la banque grâce à la «Fondation Biat».
Cette fondation, créée en 2014, a pour mission d’œuvrer au profit des jeunes dans les domaines de la culture et de l’éducation et ses responsables peuvent être fiers des premiers projets pilotes qu’elle a déjà entrepris et qui se poursuivront encore en 2015. «La Biat envisage de s’impliquer dans le soutien de l’entreprenariat à travers le financement classique, mais aussi en encourageant des projets phares et en mettant en place un écosystème facilitant l’émergence de nouveaux talents et la création de nouvelles entreprises», a souligné M. Mabrouk.
L’assemblée générale observe une minute de silence à la mémoire de Mokhtar Fakhfakh, l’un des fondateurs et anciens Pdg de la Biat, décédé il y a 7 mois.
Oui pour les fusions et cap sur l’Afrique
Y a-t-il des projets pour pénétrer le marché africain? A cette question, le président du conseil d’administration a répondu: «Pourquoi pas», car, selon lui, la Biat est prête à franchir le pas et à s’ouvrir davantage à l’international et, plus particulièrement, sur le marché africain, où elle est en mesure d’avoir sa part. Il faudrait, bien sûr, que cette ouverture sur le continent soit inscrite dans une orientation stratégique de développement futur de l’économie tunisienne. Il évident aussi que l’institution d’un cadre législatif et incitatif susceptible d’encourager les banques, mais également les entreprises tunisiennes ayant la volonté et les moyens de pénétrer le marché africain.
M. Mabrouk, dont le groupe familial opère dans plusieurs secteurs (banque, assurance, industrie, grande distribution, etc.), est conscient du fait que le marché tunisien demeure trop exigu pour que 28 banques puissent y opérer ensemble. «D’où la nécessité impérieuse d’entreprendre des réformes et de prendre des mesures pour faciliter et encourager les opérations de fusion», a-t-il préconisé. La Biat, qui s’appuie aujourd’hui sur un bilan positif et confortable, est même prête, selon lui, «à étudier sérieusement l’opportunité de s’associer avec une autre banque de la place pour donner naissance à une grande entité disposant des moyens nécessaires pour se déployer à l’international dans de bonnes conditions».
Y aura-t-il un siège au conseil d’administration pour les petits porteurs? En réponse à cette question, Ismaïl Mabrouk a rappelé que les petits porteurs sont déjà représentés dans le conseil d’administration. «C’est Fathi Mestiri qui les représente et il a été élu il y a 3 ans», a-t-il dit, ajoutant que son mandat prendra fin cette année. «Le siège des petits porteurs ne sera jamais vide», a-t-il tenu à souligner.Interrogé sur l’octroi des crédits, M. Mabrouk n’y est pas allé par quatre chemins. «La Biat donne des crédits à ceux qui remboursent. C’est le dossier qui parle. Les établissements hôteliers pourront bénéficier de crédits, nous n’avons aucun problème avec les bons payeurs», a-t-il répondu sans langue de bois superflue.
Malgré la crise, la Biat s’en sort plutôt bien. Ce qui autorise un certain optimisme.
La 2e tranche du siège presque achevée
Mohamed Agrebi, directeur général de la banque depuis l’an dernier, a insisté, de son côté, sur l’impact négatif de la crise économique sévissant en Tunisie et à l’étranger. «N’oublions pas la conjoncture difficile sur les plans national et international. Malgré la reprise, qui se confirme timidement dans certaines régions, la Tunisie, à l’instar de la plupart des pays européens qui sont ses principaux partenaires, reste très affectée par la crise économique», a-t-il expliqué, en liant cette situation à l’insécurité, aux agitations sociales, à la crise dans le bassin minier de Gafsa et aux difficultés budgétaires de l’Etat.
Malgré toutes ces ombres au tableau, la Biat s’en sort plutôt bien. Ce qui autorise un certain optimisme. D’ailleurs, la banque, qui appréhende l’avenir avec confiance, vient d’achever la construction de la 2e tranche de son siège social. «Le bâtiment sera prêt dans sa totalité, en septembre prochain, et une journée portes-ouvertes sera organisée, à cette occasion, pour vous permettre de visiter les lieux», a lancé Ismaïl Mabrouk aux administrateurs et actionnaires.
Donnez votre avis