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Sarra Rejeb: « Tunisair est dans une situation floue »

Sarra-Rejeb

Aux commandes de Tunisair depuis près de 3 mois, Sarra Rejeb presse l’Etat de trancher deux dossiers qui entravent la restructuration de la compagnie.

Par Nabil Ben Ameur

«J’aimerai que l’Etat me dise quels sont ses projets pour la compagnie». C’est de cette manière que Mme Rejeb, Pdg de Tunisair depuis la mi-avril 2015, a clos son intervention, vendredi 26 juin 2015, devant les membres de la Commission des Finances de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). La Pdg de la compagnie aérienne nationale était, ce jour-là, auditionnée sur la demande du transporteur aérien national à bénéficier de la garantie de l’Etat – qui lui a été accordée – pour acquérir 3 avions Airbus (un A320 et deux A330).

Mme Rejeb voudrait en particulier que les pouvoirs publics tranchent le plus rapidement possible deux questions qui bloquent la mise en œuvre du programme de restructuration de Tunisair adopté en 2012: le statut des ex-filiales absorbées en février 2011 suite à un accord entre l’UGTT et le ministère du Transport, mettant fin à la politique de filialisation, et le programme de départs volontaires à la retraite.

En février 2011, un mois seulement après le départ de l’ex-président Ben Ali, un accord conclu avec l’UGTT a mis fin, en effet, à l’expérience de filialisation des diverses activités entamé en 2004 et imposer à Tunisair de réintégrer ses différentes filiales en son sein.

Quatre ans plus tard, la compagnie aérienne n’est ni sortie totalement de l’ancien schéma ni entrée pleinement dans le nouveau. «Nous sommes dans le flou le plus total.  On a seulement aligné les statuts et les salaires», regrette Mme Rejeb.

Le programme de départs à la retraite de 1.700 agents est lui aussi au point mort faute de financement. Initialement, on avait estimé à 30 millions de dinars le coût de ce programme, or après il s’avère qu’il faut trouver 65 millions supplémentaires à verser à la CNSS et qui n’ont pas été budgétisés, et qui ni la sécurité sociale ni Tunisair ne veut prendre en charge. «Cette question doit être tranchée car sans cela il n’y aura pas de restructuration de la société», insiste Mme Rejeb.

D’ailleurs, il n’est plus question de mettre à la retraite anticipée 1700 agents, mais seulement 1000. Ce nombre a été fixé suite à un benchmarking avec les compagnies concurrentes, explique la Pdg. En outre, à l’avenir le nombre de départs à la retraite ne sera pas déterminé de manière globale mais par poste. Car si dans certains postes elle souffre effectivement de sureffectif, le transporteur aérien est confronté à une pénurie dans d’autres.

Au cours de la même audition, Mme Rejeb a aussi indiqué que le Boeing B737- 700, un des deux avions jadis utilisés par l’ex-président Ben Ali et son épouse, sera mis à disposition des trois présidences (présidence de la république, gouvernement et Assemblée des représentants du peuple). En contrepartie de cette mise à disposition, les 3 présidences devront, en plus d’une facturation à l’heure de vol, acquitter la somme de 2,3 millions de dinars par an correspondant aux coûts fixes de l’avion. «Nous devrons toucher ce montant que l’avion vole ou pas», précise-t-elle.

Par ailleurs, le service catering à bord des avions Tunisair, arrêté depuis mars dernier, en raison de la cessation de l’activité du prestataire Tunisie Catering (dont Tunisair détient 45% du capital), devait reprendre fin juin à bord des avions de Tunisair, a annoncé Mme Rejeb.

L’administrateur judiciaire nommé par la justice à la tête de Tunisie Catering à la demande de Tunisair – et qui a pris ses fonctions le 2 juin – a en effet pour mission de reprendre l’activité de l’entreprise. «Normalement, les cinq camions de ravitaillement seront à la disposition de Tunisair», indique Mme Rejeb.

Tunisie Catering qui, dans l’immédiat va s’approvisionner auprès de sous-traitants, compte reprendre la production de plats en octobre ou novembre prochain.

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