L’article relatif à la criminalisation du «takfir» (accusation d’apostasie) dans le projet de loi antiterroriste a été rejeté par Ennahdha.
Bien que tous les autres articles du projet de loi contre le terrorisme et le blanchiment d’argent ont été validés, la commission de législation générale à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a été obligée, hier, jeudi 16 juillet 2015, de lever la séance et de reporter l’adoption du texte à lundi prochain.
Mongi Rahoui, député du Front populaire, qui a proposé l’article en question, ne s’explique pas le refus du parti islamiste, d’autant que le «takfir» est criminalisé dans l’article 6 de la constitution tunisienne.
«Refuser d’intégrer cet article est surprenant, alors qu’il a été discuté en 2014 et inscrit dans la constitution. Le rapport entre le ‘‘takfir’’, les assassinats et le terrorisme sont évidents et ont été déjà prouvés», a-t-il expliqué.
Noureddine Bhiri, président du bloc parlementaire Ennahdha, a indiqué qu’en l’absence de la majorité des membres de la commission, la proposition du Front pourrait être perçue comme une volonté d’améliorer le projet ou comme une tentative de retarder son adoption. «Le takfir est un crime terroriste mais les crimes terroristes ne visent pas uniquement les Tunisiens de confession musulmane. Ils visent également ceux d’autres confessions», a-t-il expliqué avec la démagogie habituelle des dirigeants islamistes, qui cherchent, en empêchant l’adoption de cet article, à protéger leurs militants, toujours prompts à confondre politique et religion et à accuser leurs adversaires d’apostasie.
Me Abada Kefi, député Nidaa Tounes, et président de la commission, a indiqué, de son côté, qu’il était préférable de reporter l’adoption du projet de loi au lundi 20 juillet 2015, pour prendre le temps de discuter l’article relatif au «takfir», en présence des autres membres.
Y. N. M.
Illustration: Noureddine Bhiri et Mongi Rahoui.
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