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‘‘Solwen’’ de Leïla Toubel à Carthage: Le printemps enterré

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Dans ‘‘Solwen’’, Leïla Toubel dénonce, entre rires, larmes et provocation, le machisme rétrograde et l’obscurantisme des mouvements islamistes.

Par Fawz Ben Ali

La 51e édition du Festival international de Carthage, placée sous le thème «Un festival au cœur de la cité», a programmé des soirées off pour sortir du cloisonnement habituel de l’amphithéâtre antique et s’ouvrir sur les autres sites historiques de la cité antique afin de mieux les exploiter.

C’est dans la Basilique Saint-Cyprien, située à la lisière du site archéologique de Carthage, que le programme «Carthage hors les murs» a marqué son ouverture, le soir du lundi 27 juillet 2015. La grande dramaturge et comédienne Leïla Toubel a assuré cette première soirée avec son dernier monodrame à succès ‘‘Solwen’’, et ce devant un théâtre complet.

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Une œuvre tragi-burlesque des plus engagées contre l’obscurantisme.

Ce projet vieux de 15 ans avait pris une autre tournure après la révolution pour se concrétiser dans une œuvre tragi-burlesque des plus engagées, traçant les rebonds de la réalité politico-sociale de la Tunisie postrévolutionnaire.

En 90 minutes, l’artiste peint l’histoire d’un pays qui, après une courte euphorie, s’embarque dans une sorte de descente aux enfers.
Des mots justes, une gestuelle précise et une énergie débordante, le tout orchestré du début à la fin sans temps mort par ce bout de femme, personnage attachant qui ne mâche pas ses mots et ne craint pas de crier haut et fort ses pensées.

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Les roses fanées d’un «printemps» improbable.

Un printemps éteint, des rêves enterrés et un espoir vaincu… tel est le résultat de ces quatre années marquées par l’avidité des politiciens, les vrais responsables de la détresse qui a frappé le pays selon l’artiste.

En effet, Leïla Toubel ne s’est pas privée de pointer des doigts les coupables, principales figures de la «Troïka», l’ex-coalition gouvernementale dominée par le parti islamiste Ennahdha, accusées et caricaturées tout au long du monodrame.

‘‘Solwen’’ c’est aussi un cri féministe qui dénonce le machisme et l’obscurantisme. Le personnage campé par Leila Toubel, à l’image de la femme tunisienne, refuse de se taire, de se voiler et de céder aux vagues rétrogrades.

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On est forcément secoué, bouleversé, émus aux larmes.

Les rires, les larmes, la provocation, l’absurde et le rêve ont animé cette œuvre que Leïla Toubel a voulu avant tout patriotique. Mettre en garde contre les menaces qui rôdent autour de nous, raviver le sentiment patriotique en chacun de nous et rendre hommage aux martyrs qui ont versé leur sang pour que demeure la patrie : tels étaient les thèmes majeurs sur lesquels s’est construite la pièce. Nul spectateur n’en sort indemne. L’émotion est garantie, on est forcément secoué, bouleversé, émus aux larmes.

Après le spectacle, Leïla Toubel a organisé une séance de dédicace du livre ‘‘Solwen’’, au bonheur de ses fans, qui ont été nombreux à féliciter l’artiste pour sa performance.

‘‘Solwen’’ sera joué, également, le 1er août 2015 au Festival international de Hammamet.

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