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Bâtiment: La Côte d’Ivoire attend beaucoup des opérateurs tunisiens

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Le déficit de la Côte d’Ivoire en logements est de 100.000 unités par an pendant 12 ans, un marché important auquel les opérateurs tunisiens du bâtiment.

Par Wajdi Msaed, envoyé spécial à Abidjan

«Une nette amélioration par rapport à l’édition de l’année dernière. On doit assurer le suivi et persévérer sur la voie de la communication et du contact direct avec nos partenaires. Un soutien fort de la part de nos instances gouvernementales est indispensable pour appuyer nos démarches auprès des parties étrangères».

Telles sont les principales conclusions formulées par les exposants à la clôture de la 3e édition du Bativoire, le salon du bâtiment et des métiers de la construction, organisé à Abidjan (Côte d’Ivoire) du 7 au 10 septembre courant.

Une porte d’entrée pour les pays sub-sahariens

Il existe des critères pour évaluer la réussite d’un salon professionnel dédié à la promotion des produits et services et à l’entretien des relations entre partenaires économiques, dans un même pays ou avec l’étranger. On peut en retenir trois.

Primo, le soutien politique des instances gouvernementales du pays organisateur ou celui qui accueille la manifestation. Le Bativoire a été officiellement inauguré par le ministre ivoirien de la Construction, du Logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme, Sanogo Mamadou, qui a fait le tour de tous les stands et compartiments et échangé avec les opérateurs tunisiens sur les opportunités offertes par son pays dans le domaine du bâtiment et les a encouragés à venir investir dans son pays considéré comme étant une porte d’entrée pour le reste des pays subsahariens.

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Le secrétaire d’Etat tunisien chargé de l’Habitat visite le salon.

Par ailleurs, la délégation tunisienne était conduite par le secrétaire d’Etat chargé de l’Habitat, dont le séjour en Côte d’Ivoire a été marqué par plusieurs entretiens et séances de travail avec des responsables politiques et des représentants d’organisations ivoiriennes et étrangères, et plus particulièrement le Pôle technologique baptisé Mahatma Gandhi, par reconnaissance à l’effort financier apporté par l’Inde pour la réalisation de ce projet, qui abrite une zone franche dédiée à la biotechnologie et aux TICs (Vitib), la Société ivoirienne de construction et de gestion immobilière (Sicogi), l’équivalent, chez nous, de la Snit et de l’AFH réunies, la Chambre ivoirienne de commerce et d’industrie (Cici) et la Chambre de commerce et d’industrie libanaise de Côte d’Ivoire (CCILCI).

La coopération tuniso-ivoirienne et les moyens de consolider les échanges bilatéraux dans tous les domaines ont été au cœur des entretiens officiels. La principale problématique qui s’est dégagée des pourparlers se rapporte aux questions foncières et aux modalités pratiques d’acquisition des terrains nécessaires à la réalisation des multiples constructions demandées par la partie ivoirienne. Les Tunisiens tiennent à la propriété en bonne et due forme, tandis que les Ivoiriens optent plutôt pour la location sur une durée allant jusqu’à 99 ans. Les discussions se poursuivent et un compromis est sur le point d’être obtenu.

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Séance de travail au BNETD.

Un pays riche en opportunités d’affaires

Second critère : le nombre de visiteurs venus au salon pour voir, découvrir, apprécier et, le cas échéant, conclure des transactions.

«Il faut bien choisir le moment pour ce genre de manifestation», insiste un opérateur libanais habitué du marché ivoirien et du mode de vie des citoyens de ce pays «riche en opportunités de travail et d’affaires».

Si les visiteurs de Bativoire étaient, à vrai dire, peu nombreux, surtout lors de la journée d’ouverture, c’est parce que l’événement a coïncidé avec la fin des vacances et la rentrée scolaire. Mais a-t-on vraiment une grande marge de manœuvre pour choisir la période à retenir? «Le pays d’accueil a son mot à dire», répond Riadh Azaiez, directeur général de l’agence AZ.com, co-organisateur du salon avec le Cepex.

A partir de la 2e journée, on a enregistré la présence d’un bon nombre de professionnels ivoiriens qui se sont intéressés aux différents produits et services exposés. Ils se renseignent sur la viabilisation des terrains dont ils disposent, les modèles d’architecture, les entreprises tunisiennes de bâtiment, les matériaux de revêtement, etc.

Troisième critère : l’effort de communication. AZ.com, spécialiste en la matière, a fait de son mieux pour assurer la réussite du salon. Toutefois, le plan de communication établi s’est heurté à quelques difficultés d’application. Et pourtant des médias écrits, électroniques et audio-visuels ont assuré la couverture et des espaces non négligeables ont été réservés par les chaines TV ivoiriennes pour parler de l’événement, sans oublier l’effort consenti par une équipe de la télévision tunisienne réquisitionnée sur les lieux

Le parrain de la Tunisie

On l’a croisé dans une artère du salon. La soixantaine alerte et vouant un grand amour à notre pays qu’il visite régulièrement, tellement il est attaché à cette Ifrikya, terre de paix, d’ouverture et d’accueil. Il s’agit du vice-président de la Chambre ivoirienne de commerce et d’industrie (Cici), Sauhi Raymond, surnommé «le parrain de la Tunisie», tellement il défend notre pays.

«Cela fait 20 ans que je fais le va-et-vient entre les deux pays pour sensibiliser les Tunisiens à venir chez nous», indique-t-il. «Le jour où la Côte d’Ivoire emboitera le pas à la Tunisie, elle sera un grand pays et j’ai peur qu’avec les potentialités dont elle dispose, elle n’arrive pas à assurer son décollage», ajoute-t-il.

Sauhi Raymond vit sur les «beaux» souvenirs des fortes relations d’amitié qui reliaient, autrefois, les deux «grands leaders d’Afrique», les présidents Habib Bourguiba et Houphouët-Boigny (la visite de Bourguiba en Côte d’Ivoire remonte au 5 décembre 1965). Il rappelle que le déficit ivoirien en logements est de 100.000 unités par an pendant 12 ans. Ce qui constitue un marché important auquel les opérateurs tunisiens seraient bien inspirés de s’intéresser.

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Sauhi Raymond avec notre envoyé spécial.

Notre interlocuteur demeure confiant en l’avenir. «Le problème est chez vous, les Tunisiens. Vous ne voulez pas venir dans un pays qui détient 40% de la masse monétaire de la région ouest-africaine. Mais l’avenir reste porteur de tous les espoirs», conclue-t-il.

94 projets structurants dans les 5 ans à venir

En effet, les hauts responsables du Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD) confirment l’existence, dans le cadre du Plan national de développement 2016-2020, de 94 projets structurants à réaliser dans les 5 ans à venir. «Ce sont des projets d’émergence, identifiés et validés en conseil des ministres», précise le DGA de cette institution.

Quoiqu’il en soit, l’organisation de telles manifestations dans un pays en pleine reconstruction comme la Côte d’Ivoire est indispensable pour permettre à la Tunisie d’exporter davantage ses produits, services et savoir-faire. Et diversifier, ce faisant, ses échanges extérieurs, encore largement dominés par l’Europe.

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