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Les salaires en Tunisie entre pressions, tensions et volatilité

Paymed-Consulting

Un cabinet de consulting a mené une enquête sur la nature des rémunérations et l’évolution des salaires dans le secteur privé en Tunisie.

Par Wajdi Msaed

Selon Haykel Barbouch, directeur général de Paymed Consulting, un bureau d’études spécialisé dans les études et les enquêtes relatives à l’évolution des salaires dans les entreprises du secteur privé, la stratégie de rémunération relève, de nos jours, des défis majeurs posés à l’entreprise pour attirer les meilleures compétences à un juste coût.

Le climat social tendu au sein des entreprises tunisiennes s’explique, notamment, par une structure de rémunération mal adaptée. Mais il y a aussi d’autres problèmes, comme les écarts de salaires, la rareté des compétences et la difficulté de les retenir.

Des grilles de salaires plus équitables

Ainsi, et dans le but d’évaluer les disparités salariales apparentes sur le marché tunisien et tenter d’y apporter les éléments d’explication, les entreprises ont de plus en plus recours à des experts de la rémunération comme Paymed Consulting.

Ce cabinet est, depuis  2011, un partenaire du cabinet mondial Mercer. Il conduit, chaque année, des enquêtes de rémunérations dans la région nord-africaine, notamment l’Algérie, la Tunisie, la Libye et l’Egypte.

«L’enquête menée en Tunisie depuis 2007 a touché 79 entreprises du secteur privé et de différentes tailles, opérant dans les domaines de l’industrie pharmaceutique, de l’agro-alimentaire, des NTIC et des services», a indiqué Haykel Barbouch, précisant que cette enquête s’intéresse «à toute la population de l’entreprise (hauts cadres, cadres moyens, agents de maîtrise, agents d’exécution), à tous les volets de l’activité et aux éléments de rémunération à court, moyen et long termes». Elle s’intéresse, en outre, aux avantages en nature tels que le logement de fonction, la voiture de service, le téléphone, et permet, en définitive, de définir des grilles de salaires plus équitables.

Volatilité des compétences

L’enquête est basée sur les données relatives aux rémunérations et à tous les éléments y afférents, qui sont fournis par l’entreprise, sous le couvert de la confidentialité. «Nous signons un contrat de confidentialité avant toute intervention», a tenu à préciser Haykel Barbouch.

Dans ses conclusion, l’enquête constate que, dans un contexte de mutations socio-économiques profondes, la bonne gestion des rémunérations assure l’optimisation de la masse salariale et l’accroissement de l’attractivité de l’entreprise et, dans ce contexte, la volatilité des compétences demeure déterminante. «On parle d’une vraie guerre des talents», a lancé le directeur général de Paymed Consulting. Et c’est pour cette raison que les entreprises cherchent à sécuriser leurs employés en proposant de nouveaux avantages comme les prêts sans intérêt, la couverture médicale privée, l’assurance vie…

Postes sous «tension de marché»

Il y a un autre constat relatif au taux de croissance des salaires, en hausse de 6 à 7% en 2015 par rapport à 2014. Cette croissance ne répond pas à des critères de rationnels. Elle est plutôt le résultat des pressions subies lors des négociations sociales avec les partenaires syndicaux.

«Ainsi, le coût salaire handicape l’évolution de l’entreprise, surtout que le salaire élevé n’est pas toujours le reflet de l’effort fourni ou de la compétence inégalée», précise Haykel Barbouch, ajoutant que la part du lion dans les augmentations salariales revient aux hauts cadres (13%), suivis des catégories d’exécution (7 à 8%), puis des cadres moyens (5,5%). Ces derniers, qui supportent le plus gros fardeau de la production, sont les plus lésées par les systèmes de rémunération.

Un autre point se dégage aussi de cette enquête : certains postes d’emploi sont en vogue et, de ce fait, très demandés. Ces postes sous «tension marché» sont ceux des technico-commerciaux, qui ont une double compétence.

Quoi qu’il en soit, et dans un marché mondial caractérisé par une rude concurrence, on devrait opter pour une nouvelle politique salariale plus équitable et qui permet de passer de la rémunération fixe vers une partie de variables de plus en plus importante. Cela nécessiterait des critères d’évaluation sophistiqués mais clairement définis.

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