Les JCC-2015, grande fête du cinéma africain et arabe devenue annuelle, proposent une édition éclectique et prometteuse. Avec quelques surprises…
Par Fawz Ben Ali
La direction de la 26e édition des Journées cinématographiques de Carthage (JCC), qui se dérouleront du 21 au 28 novembre 2015, a tenu sa conférence de presse, hier, au Whatever Saloon, au centre-ville de Tunis.
Après un demi-siècle d’existence, ce prestigieux festival international de cinéma, est enfin devenu annuel et surtout plus présent dans les différentes régions du pays. C’est donc par cette initiative de décentralisation, qu’on va organiser, cette année, les «JCCities», pour que la fête cinématographique ne soit plus l’apanage de la capitale, mais qu’elle puisse se dérouler aussi dans 12 autres villes tunisiennes : Kairouan, Monastir, Sfax, Beja, Jendouba, Gafsa, Tataouine, Nabeul, le Kef, Mahdia, Kasserine et Djerba.
Brahim Letaief, cinéaste et homme de com’ à la tête des JCC-2015.
Ibrahim Letaief, directeur des JCC 2015, a conçu cette édition sous le signe du «retour aux fondamentaux». Loin du star-system, le festival cherche à s’ancrer dans son terroir arabo-africain et à promouvoir un cinéma du sud indépendant et de qualité. D’où le choix de l’affiche de cette édition sur laquelle figurent Tahar Cheriaa (fondateur des JCC en 1966) et le cinéaste sénégalais Ousmane Sembène (père du cinéma africain et lauréat du 1er Tanit d’Or des JCC en 1966).
Sections et hommages
Le point de presse a également été l’occasion de présenter les différentes sections du festival, qui sont :
– la compétition officielle des longs-métrages de fiction : 17 films dont 3 tunisiens (‘‘A peine j’ouvre les yeux’’, ‘‘Les frontières du ciel’’ et ‘‘Dicta shot’’) ;
– la compétition officielle longs-métrages documentaire : 16 films dont 1 tunisien (‘‘Brûle la mer’’) ;
– la compétition officielle de la première œuvre baptisée au nom de Tahar Cheriaa : 15 films dont 3 tunisiens (‘‘A peine j’ouvre les yeux’’, ‘‘Narcisse’’ et ‘‘Les frontières du ciel’’) ;
– la compétition officielle courts-métrages : 13 films dont 3 tunisiens (‘‘Al-Kannas’’, ‘‘Diaspora’’ et ‘‘Et Roméo a épousé Juliette’’) ;
– la compétition officielle Carthage ciné-promesse : 15 films dont 1 tunisien (‘‘Tandem’’).
Parallèlement aux films de la compétition officielle, la direction du festival a programmé des sections parallèles riches et variées comme : Panorama du cinéma tunisien, Cinéma du monde, Spotlight Berlin, Cinéma argentin, Cinéma italien, Nouveaux territoires…
Les JCC c’est aussi l’occasion de rendre hommage aux icones du cinéma tunisien et étranger. Manoël De Oliveira, Nouri Bouzid, Assia Djebbar, Habib Masrouki. Des grandes actrices du cinéma égyptien seront aussi à l’honneur en cette 26e édition.
Le comité d’organisation des JCC autour de Brahim Letaief.
Le cinéma à la faculté et dans les prisons
Cette année, des films seront projetés non seulement dans les salles de cinéma, mais aussi à la Faculté des lettres, des arts et des humanités de Manouba et dans 4 prisons (Borj Erroumi, La Mornaguia, Mahdia et la prison pour femmes de la Manouba). Ces projections seront suivies de débats et de rencontres avec les réalisateurs.
Cette nouvelle édition se veut plus que jamais porteuse de liberté et d’ouverture, en effet, «en 2015, il n’y a plus de place pour les tabous et la censure», affirme Ibrahim Letaief. La sélection du film ‘‘Much loved’’ du réalisateur marocain Nabil Ayouch en est la meilleure preuve. Interdit de projection au Maroc, et jugé comme outrageant aux mœurs dans différents milieux du monde arabe, ce film qui pose le problème de la prostitution et de l’esclavage des femmes sera finalement projeté en première arabe et africaine aux JCC 2015. Un beau geste pour la liberté d’expression.
Des invités prestigieux (acteurs et réalisateurs) seront parmi nous pour participer à cette grande fête du cinéma. Parmi les plus illustres on citera le réalisateur français Jean-Jacques Annaud, Charles Berling, Benoit Magimel, Hend Sabri, Amr Youssef, Ahmed Badir…
Bassem Youssef, le fameux animateur de télévision égyptien, fera également le déplacement à Tunis pour animer la soirée de clôture.
Une légende vivante nous fera l’honneur par sa présence lors de cette 26e édition, il s’agit de Roger Waters, membre fondateur de l’un des plus grands groupes de rock de tous les temps, les Pink Floyd. Le chanteur, auteur-compositeur, guitariste bassiste et défenseur de la cause palestinienne viendra présenter une nouvelle version du film ‘‘The Wall’’, films musical reprenant les titres du groupe apparaissant sur le double album conceptuel, portant le même nom du film.
Face à la concurrence d’autres festivals en Afrique et dans le monde arabe, l’équipe artistique des JCC a travaillé d’arrache-pied pour organiser une édition, le moins que l’on puisse dire, éclectique et prometteuse.
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