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Les marchés de la Steg entre ombres et lumière

Steg

Décidément, les marchés de gré-à-gré, qui favorisent la corruption, se multiplient en Tunisie. Et notamment à la Steg…

Par Abdelaziz Belkhodja *

Fin août 2015, au cours d’une réunion du comité technique de la Société tunisienne d’électricité et de gaz (Steg), la direction générale, présidée par le nouveau Pdg, Ameur Bchir, a confirmé qu’il manquera 500 MW au pays pour couvrir la pointe de la consommation de l’été 2016.

On fait fi de la concurrence

Le département ‘Exploitation et Planification’ a exprimé son étonnement quant à ces chiffres et, surtout, à d’autres décisions prises en un temps record, notamment la conclusion d’un marché de gré-à-gré pour une centrale à cycle ouvert d’une capacité de 240 MW à Bouchama et la location de générateurs diesel qui seront installés partout dans le pays.

La Steg a présenté ce plan à son conseil d’administration et à un conseil ministériel avec des chiffres erronés pour appuyer ces décisions : la société prévoit une augmentation de la demande de 8,5 % par rapport à l’été 2015 et une pointe de 3900 MW. En cherchant dans les documents du budget de l’État (page 122 du ‘‘Rapport économique’’ émis par le ministère de la Coopération internationale), on découvre que celui-ci prévoit une augmentation de seulement 3,5% de la demande, ce qui est conforme aux moyennes des 5 dernières années.

On notera, également, que la Steg ne prend pas en considération les parcs éoliens (200 MW disponibles) et a prévu de mettre hors service certaines centrales qui pourraient pourtant bien servir l’été prochain.

Des éclaircissements sont nécessaires

Supposons, cependant, que la Steg soit convaincue par ces chiffres. N’aurait-il pas été plus judicieux de lancer, depuis début septembre, une consultation restreinte pour avoir plusieurs offres? En 2012, la Steg avait lancé une consultation restreinte pour un projet similaire à Bir Mcherga auprès de General Electric et Siemens. Or, cette fois-ci, selon nos informations, aucune société n’a reçu une demande de consultation, à l’exception de General Electric, qui avait obtenu le projet de Bir Mcherga en 2012 (toujours pas réceptionné à ce jour)… On parle là d’un marché de gré-à-gré de 270 millions de dinars (MD), malgré l’avis défavorable de la Commission supérieure des marchés et la recommandation du conseil d’administration de la Steg pour faire appel à la concurrence.

Bref, ces pratiques d’un autre temps n’ont plus de raisons d’être aujourd’hui. Des explications sont nécessaires, notamment de la part du ministre de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, qui souhaite passer outre les recommandations du conseil d’administration et de la Commission supérieure des marchés.

L’Assemblée des représentants du peuple (ARP), qui est diligente sur ce type de dossiers, ne manquera pas de se pencher sur celui-ci.

* Auteur.

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