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La Tunisie, ses députés et le culte de la charogne

Assemblee-absenteisme

Aux dernières nouvelles nos députés, ces privilégiés de la «ripoublique», champions du blabla et des non décisions qui en découlent, sont parait-il, dépités. Très dépités…

Par Dr Fethi El Mekki*

Etonnement patriote, aux dents longues et aux sourires de diamants sous l’œil attendri des  caméras, ils ne peuvent plus s’absenter comme ils l’entendent, car très critiqués pour leur absentéisme et leur manque de sérieux envers leurs électeurs et leur pays…

Devant le raz de marée d’élus «trop cultivés», mais ayant un faible pour l’école buissonnière, le bureau de l’Assemblée a annoncé, qu’il effectuera des retenues sur salaire pour les absences injustifiées, comme spécifié par le règlement intérieur… Mais ils n’en n’ont cure… Et la réplique du berger à la bergère a été cinglante et on ne plus éloquente… Le samedi 5 octobre 2015, la tête très haute, le menton en avant et le regard droit, absent et hautain…

Ce jour là, à 9h00 du matin, pour rehausser la qualité des débats et la très haute teneur des échanges verbaux… A la plénière, pour la discussion du budget du ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, sur les 217 députés, seul 40 ont daigné se déplacer… Ils étaient 49 au cours de la séance suivante, pour le budget du ministère de l’Education nationale…

Je pense qu’il serait de bonne pédagogie de rendre obligatoire à nos chers amis la lecture de ‘‘A quoi servent les députés ?’’ de Beatrice Houchard…

Voyage au bout de la nuit :

Ce qui est saisissant, dans cette farce où on a pris les électeurs tunisiens pour du bétail électoral, c’est que ce genre de comportement immature a déjà été relevé, il y plus de 100 ans, sous d’autres cieux et critiqué d’une manière étonnement subtile…

Au début du XXe siècle, en France, Albert Libertad, dans un placard anti-électoral, au surprenant titre «Le criminel, c’est l’électeur!», publié par le journal ‘‘L’Anarchie’’ le 1er mars 1906, épingle élégamment, non pas les députés, mais les électeurs qui n’ont pas su choisir les hommes qu’il faut à la place qu’il faut…

Lire ce qui suit est indispensable pour tout Tunisien qui se respecte et aime son pays… Lire ce qui suit est essentiel pour que le Tunisien ne soit plus roulé dans la farine de la tartufferie, de l’imposture et de l’opportunisme… Lire et surtout retenir… pour notre avenir : «C’est toi O peuple, puisque c’est toi le souverain. Tu es, il est vrai, le criminel inconscient et naïf. Tu votes et tu ne vois pas que tu es ta propre victime. Pourtant n’as-tu pas assez expérimenté que les députés, qui promettent de te défendre, comme tous les gouvernements du monde, présent et passé, sont des menteurs ? Tu le sais, tu t’en plains et tu les nommes ! Les gouvernants quels qu’ils soient, ont travaillé, travaillent et travailleront pour leurs intérêts, pour ceux de leurs castes et de leurs coteries. Ou en a-t-il été et comment pourrait-il en être autrement? Les gouvernés sont des subalternes et des exploités: en connais-tu qui ne le soient pas? Tu te plains; mais tu veux le maintien du système où tu végètes. Tu te révoltes parfois, mais pour recommencer toujours. C’est toi qui produit tout, qui laboures et sèmes, qui forges et tisses, qui pétris et transformes, qui construis et fabriques, qui alimentes et fécondes! Pourquoi n’es-tu pas ton maitre? Pourquoi te courbes-tu, obéis-tu, sers-tu? Pourquoi es-tu l’inférieur, l’humilié, l’offensé, le serviteur, l’esclave? Tu es l’employé fidèle, le serviteur dévoué, le paysan sobre, l’ouvrier résigné de ton propre esclavage. Tu es toi-même ton bourreau. De quoi te plains-tu? Tu es un danger à l’égal des tyrans, des maitres que tu nommes, que tu soutiens, que tu nourris, que tu légalises par tes bulletins de votes et que tu nous imposes par ton imbécilité. C’est bien toi le souverain, que l’on dupe. Tu aimes les âneries et les courtisaneries. Tu es incapable de t’affranchir par toi même. Tu ne veux, donc tu ne peux être libre. Allez, vote bien ! Mais cesse de te plaindre. Les jougs que tu subis, c’est toi même qui te les imposes. Les crimes dont tu souffres, c’est toi même qui les commets. C’est toi le maitre, c’est toi le criminel et ironie c’est toi l’esclave, c’est toi la victime. Alors, quitte l’habit étroit de la législation, lave ton corps rudement, afin que crèvent les parasites et la vermine qui te dévorent. Alors seulement tu pourras vivre pleinement.»

Les hordes du désordre :

Albert Libertad est un journaliste, orateur hors-pair, mort assassiné par empoisonnement à l’anthrax en 1908 à l’âge de 33 ans. Il était réputé pour son ton tranchant et ironique et surtout pour ses écrits à la tronçonneuse, dans le journal ‘‘L’Anarchie’’ qu’il a créé en avril 1905.

Il a rédigé cette chronique pour dénoncer une atmosphère politique nauséabonde, où des  records inattendus de bassesse ont été atteints, où les politicards de tout bord, à la manière des grands fauves et des vieux chats, sombrent corps et âmes dans le népotisme et l’affairisme et baignent dans un effondrement total de la morale politique, et où l’indécence d’une caste d’une rare nullité est sans limites…

La ressemblance de ces événements n’a bien évidemment rien à voir avec ce qui se passe du côté de chez nous. Et elle est très probablement fortuite.

Ça suffit maintenant !!!

C’est désormais officiel, tous ces abus au sein de l’ARP sont devenus insupportables pour les Tunisiens exaspérés et hérissés. Ces travées aux trois quart vides ne font que renforcer, sans contestation aucune, que ces grosses têtes, dont le chant du cygne est pour bientôt, ne sont que la négation du zèle, du dévouement et de l’abnégation au travail, au service de la patrie.

La vie politique qui a atteint des sommets dans l’absurdité, baigne dans un  invraisemblable discrédit de l’univers politique découlant du mépris et de la désinvolture de ces supposés brillants cerveaux, ennuyeux, jamais débordés de travail et masqués d’ennui…

Le prétexte répété ad-nauseam que c’est «l’élite» du pays et tutti quanti est totalement inapproprié pour les Tunisiens. Pendant que certains élus font n’importe quoi, les autres attendent leur tour pour aussi dire et faire n’importe quoi. En fait c’est très simple: comme avec les bambins dans les crèches et chez les criminels récidivistes, tu ne peux pas faire la même erreur deux fois, car la deuxième fois ce n’est pas une erreur, c’est un choix.

La crise morale au sein de l’ARP devrait être enseignée et introduite dans les programmes des  écoles de droit, de sciences juridiques et politiques, comme étant l’exemple vivant de tout ce qu’il ne faut pas faire… pour que les «reconvertis» en politique ne passent pas à côté d’une belle carrière professionnelle et politique. Faut-il encore en avoir les moyens…

Les armes des députés sont l’amour pour son pays, la pensée, la raison, la mesure et la retenue. Aujourd’hui, pour certains d’entre-deux, leurs armes sont les voyages au frais de la princesse, les agapes et surtout les bonnes affaires immobilières, qui parait-il, d’après les mauvaises langues, se font avec une certaine frénésie, une petite note d’excitation et un frisson certain, pour assurer non pas l’avenir de la république mais plutôt celle de son auguste descendance.

Liberté… Démocratie, que de crimes, on commet en votre nom !!!

On se réveille ?

Par charité musulmane, je préfère ne pas aborder l’avenir politique de ces incorrigibles bonimenteurs… Par les temps qui courent, ce n’est pas une précaution inutile.

Pour que les prochaines élections ne soient pas aussi pestilentielles et putrides que les deux précédentes… Tunisiens, Tunisiennes, réveillez-vous !!! Serions-nous plus bêtes que la moyenne?

* Pneumo-allergologue.

 

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