Le Musée national du Bardo accueille du 16 décembre 2015 au 7 janvier 2016 l’exposition collective ‘‘L’indice d’une suite’’.
Par Fawz Ben Ali
Conçu à cheval entre Paris et Tunis, ‘‘L’indice d’une suite’’ met en lumière 5 jeunes talents tunisiens d’art contemporain de différentes formes (arts plastiques, sculpture, peinture, architecture…) Il s’agit de Héla Lamine, Rania Werda, Ali Tnani, Selim Ben Cheikh et Othmane Taleb.
Comme l’indique son nom, cette exposition est la suite d’un premier volet inaugural ayant eu lieu à Paris en juin 2014 chez Glassbox, où les 5 artistes avaient investi l’espace d’art pour réaliser des œuvres adaptées au contexte de leur exposition, et ce avec le soutien de trois curateurs français (Clémence Agnez, Sabrina Issa et Damien Roger), qui ont continué à porter le projet vers son deuxième volet tunisois, c’est-à-dire la grande salle d’exposition du Musée du Bardo.
Un acte de résistance
Afin de s’adapter à l’architecture du nouvel espace, les pièces résultant de la première étape ont été repensées et renouvelées dans de nouveaux formats, donnant un second souffle à ce qui a motivé le premier geste de chaque artiste.
Triptyque de Héla Lamine.
‘‘L’indice d’une suite’’ est une expérience artistique inédite construite en deux temps et entre deux espaces, ayant vu le jour grâce au soutien de nombreuses institutions, comme l’Institut français de Tunis. Mais surtout et avant tout grâce au programme de résidence et d’exposition de l’association Kasbah Nova, portée par un collectif franco-tunisien, œuvrant pour la promotion des échanges culturels entre les deux rives de la Méditerranée et le renforcement des réseaux de coopération artistique à travers des actions de soutien aux jeunes artistes en voie de professionnalisation.
Rania Werda.
Pour ce moment de production conçue pour le Musée du Bardo, l’équipe artistique travaillant sur ce projet a fait en sorte que les œuvres présentées, bien que très différentes, soient en homogénéité surtout qu’elles répondent toutes au patrimoine culturel tunisien, combinant histoire et actualité. Le choix d’exposer au Musée du Bardo, ce joyau du patrimoine national, repose sur sa dimension symbolique, car quand la jeunesse tunisienne se met à créer et à rêver en couleurs, cela devient en lui-même un acte de résistance, privilégiant le partage d’expérience et de réflexion aux dogmes et à la barbarie.
Selim Ben Cheikh.
L’analyse de l’identité
Parmi les exposants, figure la jeune artiste tunisienne Héla Lamine avec sa série de 5 scanographies, intitulé ‘‘Le festin des affamés’’, abordant la thématique de la nourriture mais pas n’importe laquelle, il s’agit du patrimoine culinaire tunisien. Héla Lamine a choisi des plats traditionnels à appellations amusantes, parfois morbides, tels que «l’omelette au cœur» ou «le gendarme ligoté» pour en faire le sujet de ses œuvres mais aussi celui de sa thèse doctorat.
L’artiste, qui nous a habitués à un art décalé, comme sa dernière exposition ‘‘The unsecret life of Samantha C.’’, a décidé cette fois d’enquêter sur la gastronomie tunisienne en tant que référence culturelle et linguistique riches, car la cuisine locale est, selon elle, une clé pour l’analyse de l’identité. Sur ses 5 scanographies intitulées ‘‘Ceci est mon corps’’, on voit un mélange d’ingrédients à la sauce tunisienne dont l’apparence est attirante, parfois repoussante.
Ali Tnani.
Artiste plasticienne et enseignante, Rania Werda présente 8 sérigraphies et gravures sur cuir mettant en scène des personnages anonymes dont les visages se dissimulent derrière des ornements kitsch réduisant la figure humaine à de simples couvertures. Ses œuvres sont le fruit d’une réflexion sur les manipulations psychiques et médiatiques, engendrées par les mensonges, les fausses promesses et la violence.
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