«La Tunisie est comme un oiseau qui vole grâce à ses deux ailes que sont Ennahdha et Nidaa», affirme Rached Ghannouchi.
Le président du parti Ennahdha était présent, aujourd’hui, samedi 9 janvier 2016, à l’ouverture des travaux du congrès de consensus de Nidaa Tounes, où il a prononcé une allocution qui n’a pas laissé indifférent et a même suscité des remous chez une partie de l’assistance.
En effet, M. Ghannouchi a réaffirmé que son parti et Nidaa Tounes, fondé par adversaire et actuel allié, Béji Caïd Essebsi, sont «les deux ailes de l’oiseau tunisien et de la démocratie dans notre pays» et que, de ce fait, les deux grands partis du pays devraient poursuivre leur alliance ou leur coexistence.
Le chef d’Ennahdha a tenu à rappeler, dans ce contexte, que c’est la rencontre de Paris, entre lui et Béji Caïd Essebsi, en septembre 2013, qui avait permis de dépasser les blocages politiques à l’époque.
Evoquant le conflit au sein de Nidaa Tounes – ce qui est pour le moins maladroit de sa part -, M. Ghannouchi a précisé que le règlement de la crise est bénéfique, également, à Ennahdha, avant de déclarer son amitié et son soutien aux congressistes.
A noter que le chef d’Ennahdha a été d’abord hué par quelques congressistes, avant d’être applaudi par toute l’assistance à la fin.
Le discours du cheikh a suscité, toutefois, le mécontentement du patron de l’UPL, Slim Riahi, qui a délégué le porte-parole de son parti à prononcer l’allocution au nom de l’UPL. M. Riahi n’aurait pas apprécié la manière avec laquelle M. Ghannouchi a occulté le rôle et la place des autres partis de la coalition gouvernementale.
Mohsen Hassen, notamment ministre du Commerce dans le nouveau gouvernement Habib Essid, a souhaité la réussite des travaux du congrès avant d’ajouter à l’adresse des congressistes : «Votre réussite est celle de tous les Tunisiens. Elle renforcera, aussi, l’esprit de la coalition au pouvoir dont l’objectif est la réalisation de la stabilité politique dans le pays».
Pour sa part, le secrétaire général d’Afek Tounes, Faouzi Abderrahmane, a déclaré que Nidaa Tounes a eu le mérite d’instaurer l’équilibre sur la scène politique qui était dominée, entre 2011 et 2014, par le parti Ennahdha, avant de mentionner que la présence d’un gouvernement fort a besoin du soutien de toutes les composantes du quartet au pouvoir, à savoir, «les ailes et, bien entendu, la tête et la queue», sans préciser si son parti représente la tête ou la… queue!
Le représentant d’Al-Moubadara, Mohamed Jegham, a assuré que son parti et Nidaa Tounes partageaient le même référentiel bourguibien.
Anis Chemli, représentant d’Al-Massar, le dernier à prendre la parole, s’est contenté de souhaiter, au nom de son parti, un «bon congrès à Nidaa Tounes», mais l’absence du président de son parti, Samir Ettaieb, n’est pas passé inaperçue, autant que celle de Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire, l’autre ténor de la scène politique tunisienne.
Il faut dire que la présence de Rached Ghannouchi au premier rang des invités a refroidi beaucoup l’ardeur de certains invités et congressistes.
Noureddine H.
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