L’auteur, ancien ministre, appelle les Destouriens à dépasser les divisions internes et les ambitions personnelles et à s’unir pour aider la Tunisie à sortir de la crise.
Par Abderrahim Zouari *
Ce 2 mars, nous allons commémorer la création du Néo Destour. En effet, il y a maintenant 82 ans, le 2 mars 1934, la décision de quelques patriotes de créer un nouvel élan politique s’est avérée plus que salutaire pour un peuple qui, jusqu’alors, avait perdu la maitrise de son destin.
La voie tracée par Bourguiba
En plein cœur d’une période sombre de notre histoire, alors que notre pays avait perdu sa souveraineté depuis plus d’un demi siècle, alors que parmi les fils et les filles de ce peuple ceux qui avaient choisit d’affronter l’oppresseur subissaient la prison, l’exil ou la mort, quelques hommes réunis à Ksar Hellal avec à leur tête le leader Habib Bourguiba, ont décidé de reprendre leur destin en main et avec eux celui de notre patrie.
Mais ce mouvement politique n’est devenu irrésistible que grâce aux valeurs de patriotisme, de travail et de progrès de ses fondateurs, mais aussi, grâce au fait qu’ils ont collé aux aspirations les plus profondes du peuple, qu’ils ont fixé un cap clair et qu’ils étaient prêts à tous les sacrifices, le destin de leur pays comptant bien plus que le leur.
Aujourd’hui, même si la situation du pays est bien meilleure sur plusieurs aspects qu’en 1934, bien qu’entretemps, l’indépendance fût obtenue, un Etat fût construit, de nombreuses réformes progressistes et émancipatrices réalisées, et même si depuis peu, notre jeunesse a su nous faire entrer dans la cour des nations libres et démocratiques, que des élections transparentes ont eu lieu dans le pays, les coups qui nous sont portés, aujourd’hui, sécuritairement, ajoutés aux fragilités économiques, sociales et politiques mettent, de nouveau, notre nation en danger. Plus grave, par sa profondeur et sa durée, cette nouvelle crise installe dans le cœur d’une majorité de nos compatriotes le doute sur notre capacité à nous en sortir.
Le défi n’est pas des plus aisé tant notre famille politique s’est trouvée ballottée depuis 2011 par les bouleversements qui ont tiraillé le pays. Diabolisés et accusés injustement de tous les maux, les destouriens se sont retrouvés ensuite, une fois les esprits calmés, de plus en plus sollicités par certains et approchés par d’autres tant est importante la place qu’occupe notre mouvement dans l’histoire du pays et l’expérience de servir l’Etat, accumulée dans nos rangs.
Refaire l’unité de la famille destourienne
Mais malgré cela, ces dernières années ont laissé des dégâts importants dans les rangs de ceux, nombreux, qui se revendiquent de ce mouvement. Au-delà des attaques extérieures, se sont rajoutées les divisions internes et les parcours personnels qui ont fait perdre à la famille son unité jetant dans nos rangs disloqués le doute sur notre capacité à refaire notre unité et donc, à servir notre pays en proie à de si nombreux défis.
Ce doute, nous nous devons de l’effacer définitivement de nos esprits.
Certes, chacun de nous sera encore porteur de sa propre trajectoire, de sa propre histoire et de son approche particulière pour expliquer les problèmes et trouver des solutions. Quoi de plus normal ! Nous devons donc nous réjouir de cette diversité mais nous devons aussi et surtout nous inscrire dans le droit fil de nos ainés en se greffant aux valeurs qui ont été les leurs, en cohérence avec les aspirations de notre peuple, en fixant, encore une fois, un cap clair et enfin en étant prêts à sacrifier nos personnes et nos ambitions pour notre Tunisie.
Je crois intimement à ces valeurs et je militerai pour leur concrétisation.
C’est sur ces seuls critères que l’on sera jugé.
Si nous réussissons dans ce sens, alors tout sera possible et nous pourrons alors contribuer plus efficacement à la construction d’une Tunisie plus forte et plus juste en alliant les principes de liberté et de démocratie à ceux de l’expérience, du travail, du patriotisme et d’un Etat fort.
Jouer un rôle positif pour le pays
J’ai beaucoup réfléchi et médité ces dernièrs temps sur la meilleure façon d’aider notre pays dans cette phase difficile. Comme vous et comme tous nos compatriotes, j’ai été traversé ces dernières années par des sentiments contradictoires de tristesse et d’espoir, de frustration et de joie, parfois de colère mais je n’ai jamais douté. Je n’ai jamais douté de la capacité de notre peuple à s’en sortir, je n’ai jamais douté de notre capacité, à nous autres destouriens, de jouer un rôle positif pour le pays. Et plus que tout, je n’ai jamais douté de notre jeunesse et de sa capacité à prendre en main son destin.
Ce 2 mars, en commémorant l’anniversaire de l’acte fondateur du Néo Destour, oeuvrons à retrouver confiance dans le rôle que nous pouvons et que nous devons continuer à jouer dans la construction du pays.
Nous vivons une étape historique, c’est donc un devoir, une obligation de nous tourner sans crainte vers l’avenir, de nous organiser, de nous structurer non pour nous suffire à nous même mais pour ensuite nous rassembler avec de nouvelles forces qui partagent avec nous les mêmes valeurs dans le respect de notre nouvelle constitution. Alors et alors seulement, on pourra dire que nous avons été les nobles héritiers des héros patriotes de 1934.
Faisons-le pour la Tunisie.
* Ancien ministre.
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