Experts internationaux: L’attaque de Ben Guerdane était tout à fait prévisible

Selon les experts internationaux, l’attaque de Ben Guerdane a obéi à la logique implacable de l’organisation terroriste de l’Etat islamique (Daêch).

Par Marwan Chahla

Pour Harleen Gambhir, spécialiste du contreterrorisme auprès de l’Institute for the Study of War (l’Institut pour l’étude de la guerre, basé à Washington), le groupe terroriste de l’Etat islamique (Daêch) souhaitait «installer en Tunisie une situation d’instabilité politique et sociale semblable à celle qui prévaut actuellement en Libye.»

D’autres analystes estiment que l’attaque terroriste de Ben Guerdane était la résultante du raid mené, le mois dernier, par l’aviation américaine contre un camp d’entraînement de Daêch à Sabratha, en Libye occidentale. Par cette riposte du lundi 7 mars 2016, le groupe terroriste voulait faire croire que, malgré ses pertes diverses et variées, il reste encore puissant et capable de porter des coups durs.

«Je pense que cette attaque a un lien direct avec les bombardements américains du mois dernier contre les camps d’entraînement de Sabratha qui ciblaient précisément des combattants tunisiens de l’organisation terroriste», a déclaré Issandr Al-Amrani, directeur du département Afrique du nord auprès de l’International Crisis Group (ICG), l’Ong multinationale spécialiste en analyse des conflits mondiaux.

Traces de balles sur les murs d’une maison où s’étaient réfugiés des membres du groupe terroriste.

«Cela dit, ajoute Al-Amrani, il y avait également d’autres signes qui indiquaient que quelque chose allait se passer, car l’EI s’est vanté, ces derniers temps, de compter dans ses rangs quelque 1000 sympathisants originaires de la ville de Ben Guerdane.»

«C’est dans cette ville du sud profond, note l’expert d’ICG, que la présence de l’Etat tunisien est la moins ressentie, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un endroit sur le territoire tunisien où le trafic contrebandier a atteint sa plus grande intensité et qu’il a tissé des liens, depuis de très nombreuses décennies, entre les mêmes familles et les mêmes tribus tunisiennes et libyennes, des deux côtés de la frontières entre les deux pays.»