Pour leur 20e édition, les prix littéraires Comar d’Or, récompensant les meilleurs romans tunisiens, ont été fêtés comme attendu. Retour sur événement.
Par Zohra Abid
Qu’avons-nous retenu de ce rendez-vous, qui s’est imposé au fil des ans comme l’événement littéraire de l’année? Plein de choses à la fois.
Le tout Tunis littéraire et artistique s’est donné rendez-vous au Palais des congrès.
Il y a tout d’abord le changement du lieu. La cérémonie, qui se tenait habituellement au Théâtre municipal de Tunis, fermé pour des travaux de restauration, a eu lieu non loin de là, au Palais des Congrès, plus spacieux et ne posant pas de problème d’accès pour les automobilistes.
Ensuite, il y a la riche moisson de l’année. On a compté 62 romans publiés (42 en arabe et 20 en français), un record jusque-là, et 9 lauréats dont 6 femmes, ce qui ne gâche rien. Au contraire, la présence des femmes sur le podium, qui plus est récompensées pour avoir excellé dans un genre littéraire demeuré jusque-là une affaire d’hommes, a rehaussé cette édition des Comar d’Or et lui a donné une dimension historique. Quelque chose est en train de changer sur la scène littéraire tunisienne et nous assistons comme à un changement d’époque, sinon à une transition (le mot est à la mode en Tunisie) générationnelle.
Les romans primés au cours des 19 sessions précédentes.
Fusion des mots et des notes
Une fois n’est pas coutume, nous avons assisté à un bouquet d’hommages à des créateurs qui ont participé à l’épanouissement de la vie intellectuelle et littéraire en Tunisie au cours des deux dernières décennies, ainsi qu’à une exposition rétrospective de tous les romans primés au cours des 19 dernières sessions, présentée par la librairie Al Kitab. Le journal ‘‘La Presse’’ a profité de l’occasion pour installer un stand pour célébrer son 80e anniversaire et l’Association Afreecan a présenté son projet socio-éducatif, qui vise à libérer l’esprit d’initiative citoyenne chez les jeunes. Et ce n’est pas tout…
De gauche à droite: Hakim Ben Yedder, Sonia Mbarek et Slim Chaker.
Même si la soirée de remise des prix a traîné en longueur, ceux qui sont restés jusqu’au bout, et ils sont très nombreux, dont la ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine Sonia Mbarek et son collègue des Finances Slim Chaker, pour ainsi dire «un enfant de la maison» puisqu’il était administrateur chargé du développement au sein d’Amen Santé, filiale du groupe Ben Yedder, ne l’ont pas regretté. Le temps passait vite et il y avait tellement de gens et de choses à voir, à écouter et à admirer. L’ambiance était conviviale, chaleureuse, festive et amicale. Car, en 20 ans, le Comar d’Or a créé comme une famille qui se rencontre chaque année pour échanger autour du roman, des arts, de la culture et du temps qui passe.
Noureddine Beji ouvre le bal.
Côté ambiance. Il y eut des banquets de salés et sucrés, sodas et café ou thé, de la musique et du «tarab» en compagnie de la troupe Boudinar, de l’interprète Noureddine Béji, de la star montante Asma Ben Ahmed et du maître du ûd Zied Gharsa, qui a terminé avec panache une soirée qui ne sera pas oubliée de sitôt.
Les retrouvailles entre les hommes et les femmes de culture, rassemblés chaque année à pareille période par Rachid Ben Jemia, président du conseil de la compagnie des Assurances Comar et fondateur de ce prestigieux prix en 1997, ont ajouté un charme particulier à cette fête annuelle du roman.
Sonia Mbarek et Slim Chaker félicitent Hichem Djaït.
Une session vraiment spéciale
A l’occasion de leur 20e anniversaire, les prix Comar d’Or ont rendu hommage à tous les présidents du jury dans les 2 langues, qui se sont succédé de 1997 à 2016.
Le Prix spécial de la création des deux dernières décennies a été attribué à l’universitaire, historien et essayiste Hichem Djaït et au dramaturge et nouvelliste Ezzedine Madani. Le premier participera, aux frais du Comar d’Or, au Salon du livre de Genève, et le second au Salon du livre du Caire.
Faouzi Mellah et Fawzia Zouari reçoivent leurs récompenses.
Un autre hommage, posthume celui-là, a également été rendu au poète Mohamed Sghaïer Ouled Ahmed, décédé le 5 avril dernier, ainsi qu’à Ahmed Ameur, journaliste et dramaturge, qui nous a quittés 15 jours après.
Ce soir-là, 6 femmes et 3 hommes, romanciers de talent, étaient donc récompensés. Montés sur scène, ils ont félicité, chacun avec ses petits mots, les fondateurs de ce prix qui a beaucoup contribué au développement de l’écriture romanesque tunisienne et parlé un peu de son roman, de lui-même, de sa passion pour la littérature, de ses ambitions d’écrivain et de ses rêves d’homme ou de femme.
Au centre: Lotfi Haj Kacem et Kaouthar Ridane n’ont pas lésiné sur l’effort pour réussir la 20 session.
En l’absence du maître de cérémonie habituel, Rachid Ben Jemia, empêché par des pépins de santé et auquel nous souhaitons prompt rétablissement, ses proches collaborateurs, Lotfi Haj Kacem (vice-président) et Kaouthar Ridane, secrétaire générale du comité du prix, n’ont pas lésiné sur les efforts et les moyens pour réussir cette session vraiment spéciale.
Le palmarès :
Romans primés en français
Lauréats du Comar d’Or ex-æquo :
– Fawzia Zouari pour «Le corps de ma mère» ;
– Faouzi Mellah pour «Ya Khil Salem».
Prix spécial du jury :
Mohamed Harmel pour «Les rêves perdus de Leyla».
Prix découverte
Wafa Ghorbal pour «Le Jasmin Noir».
Romans primés en arabe
Lauréats ex-æquo du Comar d’Or
– Nabiha Aissi pour «Maraya El Ghab»;
– Emna Remili Oueslati pour «Toujane».
Prix spécial du jury ex-æquo :
– Chedia Guesmi pour «Al Massab» ;
– Mouldi Dhaou pour «Sirat El Maatouh».
Prix découverte
Hanen Jenane pour «Catharsis».
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