L’auteur, chirurgien à l’hôpital universitaire Habib Bourguiba de Sfax, tire la sonnette d’alarme : ses collègues ne supportent plus les violences que leur infligent les syndicalistes.
Par Dr Rafik Mzali *
Insécurité, menaces, violences, il n’y a plus de solution pour les chefs de services que de présenter leur démission collective jusqu’à ce que l’ordre revienne, car en fait ce n’est pas seulement la sécurité des médecins qui est en jeu, mais c’est aussi la crédibilité de l’Etat, de sa dignité et bientôt de sa survie.
Est-ce normal qu’un professeur me confie qu’il éprouve de la nausée en rentrant dans l’enceinte de l’hôpital, qu’un autre y entre de façon détournée par le sous-sol et que d’autres ne souhaitent plus que de partir à l’étranger tellement l’atmosphère y est devenue irrespirable, au moment où ces médecins ont besoin de tout leur calme pour lire un document, analyser un résultat, tenir un bistouri, répondre à un patient, décider d’un traitement ou enseigner à un étudiant ?
L’UGTT n’est pas logique avec elle-même puisqu’elle se prévaut d’être pour le dialogue tout en paraissant complice de la violence par son silence.
L’Etat est en train de se tomber comme un château de sable, de fondre comme une bougie de cire, de se consumer comme une brindille aux yeux de tous les responsables qui semblent s’occuper de tout sauf de ce qui est vital, comme ce qui est le cas d’un CHU qui draine la moitié d’un pays et qui est livré à son propre sort depuis 8 mois.
Avant-hier c’était Rachid, hier ce fut Hassib, aujourd’hui ce fut Emna et demain à qui sera le tour? A moi peut-être et je vous promets alors de vous raconter tout en détail, même si mon oeil sera au beurre noir ou mon pare-chocs se trouverait défoncé, car de toutes les manières ma vie ne vaut pas plus que celle de Bourguiba ou de Hached et que, tant que l’omerta sévit, aucun salut ne viendrait nous délivrer de cette incroyable situation.
* Professeur de chirurgie générale à l’hôpital universitaire Habib Bourguiba de Sfax.
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