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Ennahdha plus proche que jamais des Frères musulmans

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Quoiqu’en disent ses dirigeants, le mouvement Ennahdha n’est pas prêt à se départir de son idéologie islamiste pour épouser une ligne strictement politique.

Cette analyse a été faite par beaucoup d’observateurs de la scène politique tunisienne après la fin des travaux du 10e congrès du parti islamiste tunisien, dimanche, à Hammamet, qui a maintenu Rached Ghannouchi à la présidence et sacrifié à la tentation du statuquo, de crainte sans doute que le moindre changement ne se traduise par des soubresauts et des luttes intestines pour le leadership.

La transformation de ce mouvement islamiste, né il y a 40 ans dans le giron de l’organisation internationale des Frères musulmans et influencé, à un moment de son histoire, par la révolution iranienne, en un parti politique civile moderne, qui abandonnerait le prosélytisme religieux et l’utilisation des mosquées à des fins politiques, n’est donc pas pour demain la veille.

Certains signes de cette incapacité à changer ont, d’ailleurs, été soulignés par certains commentateurs. L’analyste politique Jomaa Guesmi a, par exemple, relevé que les deux couleurs dominant la salle omnisports de Radès, le jour de l’ouverture du congrès, sont celles distinctives des Frères musulmans : le jaune et le bleu. «Même les habits portés, ce jour-là, par les enfants de la chorale étaient de ces mêmes couleurs», a-t-il ajouté.

Chassez le naturel, il revient au galop : Rached Ghannouchi a utilisé l’expression «Ya qawmi» (Mon peuple), 3 ou 4 fois, en s’adressant aux congressistes, fait aussi remarquer Jomaa Guesmi, qui ajoute : «C’est la même expression utilisée par les dirigeants des Frères musulmans dans tous leurs discours.»

Selon le nouveau règlement intérieur du mouvement, le président d’Ennahdha aura la possibilité de se présenter directement à l’élection présidentielle sans passer par une procédure d’investiture. Ce changement, qui n’était pas nécessaire, a été copié sur le modèle des Frères musulmans en Egypte. Et la suite, on la connait.

La personnalisation excessive du pouvoir à l’intérieur du mouvement, et qui vient d’être accentuée à l’issue du 10e congrès, ne traduit pas une réelle volonté de changement. Elle présage, au contraire, d’un retour aux traditions des partis monolithiques.

Z. A.

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