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Retour de la statue de Bourguiba à Tunis : Mission accomplie !

Lettre ouverte au directeur de Kapitalis à propos du retour de la statue équestre de Bourguiba à l’avenue portant son nom au centre-ville de Tunis.

Par Ghazi Mabrouk

Ghazi-MabroukBien cher Ridha Kéfi,

Si je m’adresse à vous, et par là même à vos lecteurs, c’est parce que vous aviez été le premier média que j’avais contacté – juste après le 14 janvier – en mai 2011, pour appuyer une campagne que j’avais engagée, appelant le Premier ministre d’alors, Béji Caïd Essebsi, à assurer le retour de la statue équestre hautement symbolique d’Habib Bourguiba sur l’avenue qui porte son nom.

Mais voilà! Fidèle à sa politique dite «de consensus» Béji Caïd Essebsi avait tergiversé longtemps, face aux injonctions imperceptibles mais prévisibles du «Président» Rached Ghannouchi. Ce n’avait été ni pour les 20 mars, ni les 6 avril successifs, les dates s’enchaînant les unes aux autres, et c’est finalement pour le 1er juin. La statue équestre de Bourguiba est enfin de retour à Tunis… et Béji Caïd Essebsi ne sera donc pas «allé à Canossa», comme on l’avait prédit !

Kapitalis s’était fait le soutien à mon appel, et ce dès le 23 mai 2011, en publiant systématiquement en «Une» durant plusieurs jours sans discontinuer, l’image de la statue et notre exhortation, avec la mention : «Pour le retour de la statue de Bourguiba à sa place à Tunis».

Cher Ridha Kéfi, soyez-en ici remercié !

De mon côté, j’avais modestement, mais vigoureusement, entrepris depuis cette date une véritable action de lobbying, afin de susciter «un environnement protestataire» quant au maintien de cette statue, recluse à La Goulette.

Je n’étais pas le seul à avoir pris l’initiative de rappeler à Béji Caïd Essebsi sa promesse et, d’anciens compagnons fidèles à Bourguiba avaient également pris la cause à cœur. Ils s’en étaient ouverts auprès de lui directement, en l’espérant toujours mû par sa constance envers le «Combattant Suprême».

Je reconnais avoir fait «feu de tous bois», de manière souvent furtive et parfois dans la provocation, en allant titiller l’agacement de Béji Caïd Essebsi par supports médiatiques interposés, en référence à son livre ‘‘Le bon grain de l’ivraie’’. Allant même jusqu’à insidieusement provoquer des questionnements de journalistes à Rached Ghannouchi sur le sujet. Et, taquinerie suprême : à susurrer que Béji Caïd Essebsi à Carthage «ne serait pas libre» de prendre ce genre de décision.

En tous cas, que Béji Caïd Essebsi me pardonne d’avoir usé de ces méthodes un peu éculées de lobbying… qui est mon métier. Mais c’était pour «provoquer» la fidélité à Bourguiba qui sommeillait en lui.

J’avoue que la tendance de notre démarche d’alors n’était pas au retour de la statue à Tunis, considéré comme politiquement équivoque. Mais son installation à Carthage, pour plus de sécurité et moins de fanfaronnade, à proximité du Palais de la République que Bourguiba avait fait édifier.

Et puis… divine surprise inespérée ! Béji Caïd Essebsi fait annoncer qu’il a pris la décision de faire dresser la statue du «Père de la Nation» à Tunis même, sur l’avenue Habib Bourguiba… et il est réellement passé à l’acte ! Béji Caïd Essebsi est ainsi allé encore plus loin que les attentes frileuses qui furent les nôtres.

Serait-ce «le Béji Caïd Essebsi nouveau qui est arrivé» et qui se révélerait… là où on ne l’attendait plus?

Désormais la question mériterait d’être posée. Surtout après son tir, à double détente : d’abord le «lot de consolation» de Bourguiba à cheval devant l’ancien Palais de la République à Skanès. Qui peut le plus, peut le moins ! Puis ensuite la symbolique forte du retour de sa statue originelle au centre de Tunis… en attendant Sousse !

habib-bourguiba-tunis

Un arrière goût amer nous était longtemps resté au fond de la gorge depuis 1987, jusqu’à ce qu’aujourd’hui le pas ait été sauté.

D’aucuns ont dû se souvenir de l’adage d’Abraham Lincoln, «On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps». Et ça ! Béji Caïd Essebsi semble s’en être souvenu… s’agissant de la statue équestre de Bourguiba.

S’en souviendra-t-il pour la suite ? Là ce sera une autre affaire ! Cela reste à voir… si ce n’est déjà vu !

En tous cas, bravo à ceux qui n’ont pas abandonné tout au long de cette période, et qui n’abandonnent pas. Et bravo à Kapitalis, qui avait été le média précurseur à avoir soutenu notre action de réhabilitation de Bourguiba, «dès l’aube» de 2011.

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