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Attentat de Sousse : Un Britannique revient sur les lieux de la tuerie

Colin-Bidwell-Sousse

Désormais, où qu’il aille, Colin Bidwell se hâte de chercher les issues de secours de l’endroit où il se trouve. Un an après, le souvenir de la tuerie de Sousse est encore vivace dans son esprit

Par Marwan Chahla

L’affable ressortissant britannique, peintre-décorateur âgé de 51 ans, tient à s’assurer qu’il saura retrouver très vite la voie de sortie pour sauver sa vie – de la même manière qu’il a pu le faire ce triste jour du 26 juin 2015, à Sousse.

Il y a presqu’une année, Colin Bidwell, de Windlesham, dans le comté du Surrey au sud-est de l’Angleterre, se trouvait en vacances avec son épouse Chris à l’Imperial Marhaba de Sousse, le jour de la tristement célèbre tuerie.

Le difficile retour

Le couple Bidwell sont de fidèles habitués de cet établissement hôtelier sahélien –pour y avoir séjourné une bonne douzaine de fois – et des visiteurs réguliers de la Tunisie. Le jour où Seifeddine Rezgui a commis ses crimes, Colin et Chris étaient là, comme d’habitude à pareille heure de la journée, à se détendre sur leurs chaises longues, sur la plage.

Un an plus tard, Colin Bidwell a entrepris de refaire le voyage à Sousse – un retour difficile qu’il a accepté de faire avec la BBC, un déplacement qui, selon lui, était indispensable pour comprendre, pour tenter de donner un sens à ce qui s’était passé le 26 juin 2015… et à sa vie, depuis ce jour-là.

Dès que Colin Bidwell traversa l’entrée principale de l’Imperial Marhaba pour accéder au hall et à la réception de l’hôtel, les larmes ont inondé ses yeux. Rien ne pouvait laisser prévoir un tel effondrement subit. «Tout, d’un seul coup, est remonté à la surface. Je n’y peux plus rien. C’est plus fort que moi. Je n’y peux rien», explique-t-il.

A nouveau dehors, sur la plage de l’Imperial Marhaba, il se souvient de l’arrivée de «ce tueur solitaire.» «Je me revois, allongé ici, écoutant de la musique, lorsque le malheur survint. Lorsque les premiers coups de feu ont été tirés, je pensais qu’il s’agissait d’un feu d’artifice», se souvient-il, respirant de plus en plus difficilement.

«Puis nous réalisâmes le malheur… la grande catastrophe qui s’est abattue sur nous. J’étais terrifié. Je ne savais pas quoi faire, je ne savais plus où aller.

«J’ai vu que ma femme avait déjà quitté son banc solaire et qu’elle courait en direction de l’hôtel. J’étais pétrifié, paralysé… Je pensais que le tueur se dirigeait vers moi pour donner la mort aux personnes qui étaient allongées sur leurs transats. Alors, j’ai pris la décision de me jeter à l’eau, à la mer…», coupant subitement court à sa description du massacre par: «Ce sont des choses que l’on n’oublie jamais, malheureusement…»

Se promenant sur la plage, cette semaine, Colin Bidwell a rencontré l’homme qui l’a sauvé de la mer. «Merci, merci beaucoup, dit-il à Mohamed Ben Saâd, tout en le serrant très fort contre lui, vous m’aviez rendu un si grand service, un énorme service. Vous m’aviez sauvé la vie et je vous en serais toujours reconnaissant.»

C’est uniquement à sa sortie de l’eau que Colin Bidwell s’était rendu compte qu’il avait échappé de justesse à la mort, car deux cartouches tirées par Seifeddine Rezgui l’ont frôlé… au niveau du bras droit et de la cuisse gauche. Rien de bien grave, en somme.

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Colin Bidwell devant l’hôtel Imperial Marhaba.

Le risque terroriste zéro n’existe nulle part

A présent, ce qui lui importe, ce sont les affaires de Mohamed Saâd, qui tient un petit commerce de sports nautiques qui ne marche plus bien, depuis l’attaque du 26 juin 2015. «Les affaires ne tournent plus bien: mon chiffre d’affaires a baissé de 80%.
C’est la mort. C’est la mort certaine», lui a confié Mohamed Saâd, ajoutant à ce constat douloureux une certaine note d’humour: «Il y a des jours où l’on compte plus d’agents de sécurité, de membres de la garde nationale et de soldats sur la plage et autour de l’hôtel, que de touristes… Vous comprenez donc notre malheur… Nous ne nous en sommes jamais remis de ce désastre.»

De retour, également à l’hôpital Sahloul de Sousse, Colin Bidwell a eu l’occasion de dépenser sans compter ses remerciements. Il n’oubliera jamais l’accueil qui lui a été réservé, la manière avec laquelle il a été traité et les excuses que lui ont présentées les agents de cet établissement – tous les grades et les fonctions confondus.

A l’annonce de l’arrivée de Colin, tout le monde a accouru, «le jardinier, les agents du nettoyage, les infirmières, les secrétaires… tous se sont souvenus de moi; tous sont venus me dire bonjour et me demander des nouvelles de mon épouse; tous ont eu des mots gentils; tous m’ont exprimé leurs regrets pour ce qui est arrivé», préfère retenir le touriste britannique rescapé.

Dr Karim Bouattour, le chirurgien de service ce triste jour du 26 juin 2015, a choisi de positiver: «Pour moi, le retour de M. Bidwell nous redonne du courage et nous incite à placer beaucoup d’espoir en l’avenir. Certes, le risque existe toujours qu’un attentat pourrait avoir lieu à tout instant, malgré les nouvelles mesures et les précautions prises par notre pays. Le risque zéro n’existe nulle part au monde – ni aux Etats-Unis, ni à Londres, ni à Paris. Il va falloir que la communauté internationale réalise cela et qu’elle apprenne à accepter cette triste réalité. Cependant, il faudra également que nous donnions la preuve que nous sommes plus forts que les terroristes.»

Dr Bouattour explique aussi que lorsque le terrorisme frappe, il ne prend pas pour cible uniquement les touristes, il s’attaque également à la démocratie en Tunisie, laissant ainsi deviner la suite logique de son raisonnement: pour que la Tunisie réussisse son pari démocratique, il faudra au plus vite que l’activité touristique reprenne son rythme normal.

Vidéo de la BBC.

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