C’est sous ce titre malicieux et presque humiliant que le journal belge ‘‘La Dernière heure’’ (‘‘DH’’) a publié un article sur les difficultés du tourisme tunisien.
L’article évoque une lettre envoyée par l’ambassadeur de Tunisie à Bruxelles au ministre des Affaires étrangères belge, Didier Reynders, pour lui demander de rétablir un avis de voyage positif vers notre pays.
Tout en rappelant l’importance du secteur touristique en Tunisie et les difficultés qu’il traverse, surtout depuis les attentats du Bardo et de Sousse en 2015, ainsi que les mesures prises par le gouvernement pour renforcer la sécurité dans les zones touristiques et autour des hôtels, le journal belge constate qu’«en Belgique , aucun signe de reprise n’est cependant envisagé à court terme», et d’ajouter : «Cela ne semble pas à l’ordre du jour dans l’immédiat, même si les vacanciers belges sont très friands de la destination (Tunisie, Ndlr). Au mieux seront-ils de retour cet hiver».
C’est ce qui, explique le journal, a incité l’ambassadeur tunisien en poste à Bruxelles à s’adresser directement à Didier Reynders pour qu’il se penche sur la question. «Au travers d’un courrier solennel, il en implore presque notre ministre des Affaires étrangères», écrit ‘‘DH’’.
L’ambassadeur tunisien écrit dans sa lettre ceci : «Monsieur le Ministre, le 26 juin 2015, l’attentat terroriste de Sousse amenait la Belgique et plusieurs autres pays à émettre un avis selon lequel tous les voyages non-essentiels vers la Tunisie étaient déconseillés. Un an plus tard, cet avis négatif reste de mise, avec pour conséquence que les tour-opérateurs ont annulé tous leurs programmes sur la Tunisie, les compagnies d’assurance se refusant à couvrir leurs clients, de même que les hommes d’affaires ne peuvent plus s’y rendre qu’à leurs risques et périls. Depuis lors, Bruxelles a été la cible de deux attentats meurtriers et le plus haut niveau d’alerte a été décrété en Belgique, sans que les autorités tunisiennes, qui y auraient pourtant été fondées, découragent leurs propres ressortissants de s’y rendre. En revanche, pour sa part, la Tunisie, avec l’appui de plusieurs pays européens, a entre-temps mis en place des mesures de sécurité sans précédent, qui font que les hôtels, plages, musées et autres lieux publics sont aujourd’hui sécurisés autant qu’ils peuvent l’être. Vous avez, monsieur le ministre, manifesté à de nombreuses reprises votre solidarité avec le peuple tunisien et votre soutien à la jeune démocratie tunisienne. Or celle-ci souffre d’une décision injustifiée, et injuste, que la Belgique reste seule à appliquer en Europe continentale, qui prive la Tunisie de ressources essentielles et cause un préjudice grave à son tourisme et à son économie tout entière. C’est pourquoi les soussignés vous conjurent, monsieur le ministre, de reconsidérer votre appréciation de la situation sécuritaire en Tunisie, de sorte que les Belges puissent à nouveau se rendre dans un pays qui leur est cher.»
Visiblement, cela n’est pas pour demain la veille… Florence Bruyère, porte-parole de Jetair, un tour-opérateur belge, cité par le journal, affirme : «Pour le moment, nous n’avons plus de représentants là-bas. Tous les rapatriements ont été effectués après l’attentat de Sousse». Elle ajoute : «Nous demeurons bien entendu attentifs à la situation et dans l’attente d’un avis favorable du ministère des Affaires étrangères pour repartir en Tunisie. Mais dans l’état actuel, il est difficile de prédire quand nous pourrons à nouveau acheminer des touristes vers cette destination.»
Malheureusement, même en cas de réaction positive des autorités belges, la réaction du marché belge ne sera pas rapide. Et Florence Bruyère y va de son explication: «Bien sûr, nous pourrions redémarrer assez rapidement en cas de modification de l’avis des Affaires étrangères, mais cela ne se fera pas en deux semaines non plus. Pour cet été, toute notre capacité de vols est affectée vers d’autres destinations. Et nous sommes même en phase de finalisation de nos brochures d’hiver, dans lesquelles ne figure pas la Tunisie. Cela ne veut pas dire que si la situation se décante, nous ne volerons pas vers la Tunisie cet hiver, mais nous ne l’envisageons pas pour le moment.»
I. B.
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