A l’ouverture de son congrès constitutif, Machrou Tounes, qui est né d’une scission au sein de Nidaa, a tenu à marquer ses distances vis-à-vis des islamistes d’Ennahdha.
Mohsen Marzouk, coordinateur du mouvement Machrou Tounes (Projet Tunisie), a ouvert hier soir au palais des sports d’El-Menzah le congrès constitutif de son parti, affirmant que «Machrou Tounes prend ses distances vis-à-vis des mouvements qui font l’amalgame entre politique et religieux», par allusion au parti islamiste Ennahdha, dont les dirigeants n’ont d’ailleurs pas été invités à ce congrès. Interrogé sur l’absence de représentants d’Ennahdha à l’ouverture du congrès, M. Marzouk a expliqué que «dans les pays démocratiques, les partis n’invitent pas leurs adversaires politiques à leurs congrès».
«La coalition entre des forces divergentes est dangereuse pour la démocratie», a-t-il aussi souligné, par allusion au partage du pouvoir entre les laïques de Nidaa Tounes, dont il faisait lui-même partie avant sa démission, et les islamistes d’Ennahdha, deux forces idéologiquement divergentes qui ont mené leurs dernières campagnes électorales respectives dans une opposition frontale. Et qui, aujourd’hui, gouvernent main dans la main.
Cela n’a pas empêché le coordinateur du Machrou de remercier le président de la république Béji Caid Essebsi, artisan de cette coalition contre-nature, pour le message que ce dernier a adressé au congrès et dont lecture a été faite en son nom.
L’ouverture du congrès, marqué par une présence massive des militants du nouveau parti, s’est déroulée en présence de plusieurs invités étrangers, de représentants des missions diplomatiques ainsi que des secrétaires généraux et de représentants de partis et organisations nationales.
Placé sous le signe «Notre projet c’est la réforme», le congrès entame ses travaux dimanche à Hammamet avec l’examen des motions politique, économique, sociale et culturelle.
Au 3e jour, lundi, une direction et de nouvelles structures devront être élues.
Dans le projet de sa motion politique, Machrou Tounes, qui a obtenu son visa légal le 11 mai dernier, se propose de «créer un parti national moderne sur des bases démocratiques et participatives» et d’«œuvrer à rallier les compétences dans le pays» et «à constituer un front démocratique et bâtir des coalitions solides facilitant l’action parlementaire pour entreprendre de grandes réformes, défendre les acquis et empêcher tout retour en arrière».
Le mouvement Machrou est un parti politique fondé le 20 mars 2016 par Mohsen Marzouk et un groupe de parlementaires démissionnaires, comme lui, de Nidaa Tounes, le parti qui avait remporté les élections législatives et l’élection présidentielle de 2014.
I. B. (avec Tap).
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