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La Tunisie face au manque de courage de ses dirigeants

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Premier conseil des ministres présidé par le chef du gouvernement Youssef Chahed, mardi, à la Kasbah. 

Les dirigeants politiques tunisiens, qui ont toujours préféré le confort du conformisme, devraient faire preuve de courage, aujourd’hui, pour sortir la Tunisie de la crise.

Par Moncef Kamoun *

«Le courage dans la politique constitue son véritable testament spirituel. Le courage est l’occasion qui tôt ou tard s’offre à chacun de nous et cette occasion se présente quand un homme fait ce qu’il doit malgré toutes les conséquences que cela peut avoir pour lui», disait John Kennedy. Les dirigeants politiques tunisiens, qui n’ont pas toujours fait preuve de courage, préférant le confort du conformisme, seraient bien inspirés d’en faire leur devise.

On a tous espéré que la révolution de janvier 2011, qui nous a valu le Prix Nobel de la Paix, donnerait raison à notre idéalisme d’être vraiment un peuple d’exception et que le «rêve tunisien» puisse exister vraiment dans un monde arabo-musulman en déchéance totale, mais cette révolution n’a produit, en définitive, que des déceptions.

L’échec est une responsabilité collective

Cinq ans et demi que nous regardons notre révolution en face et combien elle nous a déçus ! Nous perdons patience; nous prenons peur pour nous et surtout pour notre pays, en lui avouant combien nous l’aimons.

Notre «classe politique» égocentrique et avide de pouvoir n’a pas fini, par son manque d’expérience et d’inspiration, de décevoir nos attentes et notre aspiration à la liberté, à la justice et à la dignité.

Nos «intellectuels» n’ont pas mené des actions concrètes au service de la nation pour faire face au danger qui nous guette et au lieu de s’impliquer réellement dans l’action de terrain, ils se contentaient de critiquer et d’attendre.

Nous sommes donc tous un peu responsables et nous assumons la responsabilité de tous les échecs car nous avons souvent cédé à la facilité.

Aujourd’hui, il est grand temps de changer. Il faut passer aux actes, oser, faire bouger les lignes, aller de l’avant, surtout qu’aujourd’hui, nous sommes dans une situation économique très préoccupante et l’Etat, qui éprouve le plus grand mal à joindre les deux bouts, ne doit sa survie qu’à l’endettement extérieur qui ne finit pas de s’alourdir. Cette situation aggrave les problèmes devenant structurels et toute aggravation a, forcément, des conséquences dramatiques.

La crise économique que traverse la Tunisie depuis plusieurs années brise toutes les certitudes et alimente tous les malaises car elle ne se résume pas aux indicateurs qui clignotent en rouge; elle tourmente les vies, brouille les repères, bousculent les familles, détruit les liens censés nous unir et, surtout, nous fait perdre la confiance en nous-mêmes.

Sauver le rêve tunisien

Nous avons assisté pendant cinq ans aux difficultés qu’ont éprouvé les gouvernements successifs à mener à bien des réformes pourtant indispensables, et ce en raison du refus de voir la réalité en face, alors que pour assainir une situation pourrie, rien ne vaut le courage de dire la vérité telle qu’elle se présente et de prendre les mesures nécessaires pour redresser la situation quelles qu’en soient les conséquences.

Il y a en Tunisie, aujourd’hui, un relâchement insupportable et qui s’aggrave de jour en jour, marqué par l’hésitation et l’incapacité de prendre les mesures qui s’imposent au moment opportun.

D’où les impatiences, les doutes et les colères que laissent éclater les citoyens, de temps en temps, et qui sont compréhensibles parce que légitimes.

Quelle attitude faut-il adopter ?

Quand c’est la confiance qui manque, il faut d’abord commencer par la restaurer.

Aujourd’hui, le gouvernement a besoin du soutien et de l’appui de tous les Tunisiens afin de pouvoir concrétiser son programme, et ceci est tout-à-fait possible, à condition d’établir un planning clair et de le suivre rigoureusement.

Pour secouer le pays de sa léthargie, le gouvernement doit provoquer un électrochoc salutaire chez les citoyens, les mettre à contribution et les faire participer aux actions de l’Etat, afin de l’aider à accomplir sa mission, à honorer ses engagements et à être à la hauteur des responsabilités. Ce n’est qu’à ce prix que l’on réussira à rétablir la confiance entre gouvernants et gouvernés, qui est la clé de toute réussite. Ce n’est qu’à ce prix aussi que l’on permettra, à chaque Tunisien et chaque Tunisienne, chaque enfant, chaque étudiant, chaque salarié et chaque retraité, de cueillir enfin les fruits de la révolution.

La vérité et le courage doivent être de mise car ils renforcent la confiance, et une fois la confiance restaurée, les esprits se libèrent pour mieux avancer.

Nous sommes tous prêts à jouer le jeu. Car c’est le moment pour nous unir afin de sauver notre pays. Nous ne pouvons plus nous permettre d’être divisés et la tâche est tellement difficile qu’elle demande des sacrifices, de l’engagement et du volontarisme à toute épreuve, sans se déparer de l’esprit critique, nécessaire à la réussite de toute œuvre de portée nationale.

Rien ne nous empêche aujourd’hui d’arriver au but si chacun de nous a pour seule préoccupation l’intérêt national.

* M. K. Architecte.

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