Le taux d’endettement de la Tunisie, qui risque de dépasser 60% en 2017, «est critique mais non catastrophique», a estimé l’économiste Fethi Ennouri.
La Tunisie, qui fait face à des difficultés majeures, n’est pas en situation de faillite, a aussi assuré l’économiste dans une déclaration à l’agence Tap.
Le gouvernement prévoit une augmentation de la masse salariale de 2.600 millions de dinars tunisiens (MDT) en 2017, en se basant sur un taux de croissance «non garanti» de 3%, alors que des prévisions tablent sur une baisse du taux de croissance pour 2016 à 1,5% au lieu du 2,5% prévu.
Face aux difficultés de mobilisation des ressources et l’impossibilité d’avoir des crédits extérieurs d’une valeur de 9 milliards de dinars en 2017, le gouvernement de Youssef Chahed sera contraint d’adopter une politique d’austérité, a ajouté l’économiste.
Le nouveau gouvernement pourrait ainsi opter pour l’augmentation des impôts et faire face à des réticences de la part du secteur privé ou à la baisse des dépenses de développement ou encore au gel des augmentations salariales voire à la baisse des salaires.
M. Ennouri espère voir le gouvernement et les parties syndicale et patronale parvenir à des accords à ce sujet. Il est possible aussi, en cas d’adoption des politiques préconisées par le gouvernement Chahed en matière de rationalisation des salaires, que le pays connaisse une crise sociale, a encore prévenu l’économiste. Aussi le gouvernement doit-il s’employer à «reconstruire ses relations avec le patronat et le syndicat», relations qu’il qualifie de «déséquilibrées» à l’heure actuelle. Traduire : aux dépens du gouvernement.
Le gouvernement Chahed est aussi appelé à adopter une nouvelle politique de communication efficace et à «dire la vérité au peuple».
Il doit aussi prendre une série de mesures pour lutter contre la corruption, estime Ennouri.
Par ailleurs, si le gouvernement tient sa promesse d’arrêter les «barons de la contrebande» et de révéler, au bout de 6 mois, les noms des personnes impliquées dans cette activité qui est en train de détruire l’économie du pays, il apporterait la preuve de son sérieux et de son efficacité dans le traitement de ce dossier que tous les gouvernements précédents n’ont pas su gérer.
Evoquant la problématique de la maîtrise de la balance des paiements, M. Ennouri a indiqué que le gouvernement Chahed doit baisser les importations, surtout que 65% de ces importations concernent des produits de consommation qui ne sont pas indispensables. C’est le seul moyen pour épargner au pays une baisse des réserves en devises, puisqu’une hausse importante des exportations n’est pas envisageable dans le court terme.
Le ministère du Commerce doit, cependant, œuvrer à promouvoir les exportations et à encourager les exportateurs. Une diplomatie économique plus dynamique pourrait aussi aider à accroître les exportations à moyen terme.
I. B.
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