Moncef Marzouki, ancien président de la république par intérim, monte au créneau et appelle ses troupes à contrer ceux qui œuvrent pour la dissolution de Hizb Ettahrir.
Dans un post publié, mercredi soir, sur sa page Facebook, Moncef Marzouki sort de son silence, remobilise ses troupes – désormais islamistes salafistes – et appelle au rejet de la décision du transfert de l’affaire du parti islamiste radical Hizb Ettahrir au tribunal militaire.
«Les clignotants sont aujourd’hui au rouge. Ceci, me renvoie, dans mon inconscient, aux années 1990, lorsque Ennahdha était la cible», a-t-il noté. Et de regretter «tout ce temps perdu, tous les innocents et les victimes dont la jeunesse a été gaspillée par les années de torture. Mais c’était le prix à payer pour que la Tunisie arrive enfin à un consensus autour de la constitution de la révolution».
L’ancien président de la république par intérim va plus loin en appelant à l’insurrection, sans, bien sûr, prononcer ce mot.
«Contrairement à nos prévisions, la bataille pour l’instauration de la démocratie est encore à ses débuts. Nous n’avons plus aucun choix, notre devise est désormais la suivante : « Idha Âdet Al-Afaâ, ôdna laha benniaâli » (Si la vipère revient, nous l’écraserons avec nos souliers)», lit-on encore dans le post de M. Marzouki, qui appelle toutes les forces politiques à barrer la route à l’actuel gouvernement qui ne respecte pas la «constitution de la révolution, cette révolution qui nous a apporté la démocratie.»
M. Marzouki a ajouté: «Nous constatons, aujourd’hui, et c’est de leur nature, qu’ils sont en train de combattre la démocratie. Ce qui m’étonne, c’est que les gens ont vite oublié les abus dont ils étaient victimes dans les années 1990», par allusion aux islamistes d’Ennahdha qui se sont alliés aux laïques de Nidaa Tounes, dont beaucoup de dirigeants sont issus du RCD, l’ancien parti au pouvoir sous la dictature de Ben Ali.
Voilà pour les faits et les mots. Reste l’analyse politique. Quelle mouche a piqué M. Marzouki pour qu’il prenne la défense, au nom de la démocratie et de la constitution, un parti islamiste radical qui rejette la démocratie et la constitution et qui menace la paix civile dans le pays en menaçant de couper des mains et des têtes ?
La réponse est simple: au-delà des principes démocratiques qu’il fait mine de défendre et dont il se fout comme de sa dernière chaussette, M. Marzouki a perdu toute crédibilité au regard de sa famille politique initiale, les socio-démocrates et les progressistes de centre-gauche. Ses partisans se trouvent aujourd’hui parmi les islamistes radicaux, les dissidents d’Ennahdha, adeptes d’une ligne plus radicale, et les salafistes de Hizb Ettahrir et de tous les autres groupuscules islamistes extrémistes.
C’est donc pour cajoler cet électorat potentiel, le seul qui lui reste, que M. Marzouki a cru devoir monter au créneau pour voler au secours de Hizb Ettahrir, un mouvement qui rejette la démocratie, la constitution et l’Etat nation et prône l’instauration de la charia et le califat islamique. Difficile de faire mieux en matière d’opportunisme politique!
Z. A.
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