Le salut du drapeau national.
Plus de 80 cartables remplis de fournitures scolaires ont été distribués, jeudi, jour de la rentrée scolaire 2016/2017, aux élèves de l’école Oued Laksab (Kairouan). Reportage.
Par Zohra Abid
Comme plusieurs entreprises, hommes d’affaires et autres mécènes, Tunisie Telecom (TT) poursuit son engagement en faveur de l’éducation, multiplie les actions sociales dans les régions intérieures et prend en charge les fournitures scolaires de pas moins de 2000 élèves dans 14 gouvernorats, dont Gafsa, Tataouine, Béja, Kebili, Zaghouan, Tunis, Kairouan, Siliana, Kef…
A voir les conditions dans lesquelles vivent les gens dans plusieurs régions défavorisées, ces actions ne constituent qu’une goutte dans un océan, mais c’est toujours mieux que rien. Les enfants auxquels elles rendent le sourire vous le diront…
La rentrée est une fête
Jeudi, deux actions ont été menées parallèlement par Tunisie Telecom dans deux écoles, la première à Errouhia (Siliana) et la seconde dans une école perchée sur les hauteurs d’Oued Laksab, une zone rurale isolée comptant environ 3000 habitants, éparpillés ça et là, et où les enfants font chaque jour quelque 20 Km pour se rendre à l’école le matin et en retourner à la maison l’après-midi. Il n’y a pas longtemps, ils effectuaient cette distance à pieds, mais depuis 2014, et le contrat signé entre Tunisie Telecom et l’association El-Madanya, les enfants sont transportés par bus. Ce qui leur épargne la lassitude liée à la fatigue, les affres du mauvais temps et les risques sur les trajets, et réduit ainsi le taux l’absentéisme et d’abandon scolaire, souvent élevé dans les zones rurales.
Fatma Chouchène Berraïs, directrice de la communication commerciale à Tunisie Telecom.
«J’ai aussi la paix du côté de la nourriture. Ma fille mange depuis l’an dernier à la cantine, où on leur sert des plats de viande et des yaourts. Ce qui compte beaucoup pour nous», raconte Salem, qui travaille dans un élevage d’abeilles Ain Khanfous et ne rentre chez lui qu’une fois par semaine. «J’ai pris congé aujourd’hui pour assister à la rentrée scolaire. Le omda nous a dit que nos enfants vont avoir des cartables et des fournitures scolaires et qu’il va y avoir la fête», a-t-il poursuivi.
Oussama Mellouli et l’équipe Tunisie Telecom.
Un champion dans le cortège
Salem, assis sur une marche, était entouré de plusieurs autres papas (aucune maman à l’horizon) venus notamment de Lahouamed, Ben Aïssa, Aïn Hammam… Ils ont assisté à la distribution des cartables et au salut du drapeau national sur fond d’hymne national et profité du festin offert par l’opérateur mécène. Ils ont pu aussi avoir un brin de causette avec la star qui s’est déplacée pour l’occasion, le champion olympique de natation Oussama Mellouli. C’est la première fois de leur vie qu’ils voient un champion olympique en chair et en os. Ils en garderont sans doute un bon souvenir et en parleront longtemps après.
La présence, ce jour-là, de Mellouli, qui a un contrat de sponsoring de 3 ans avec Tunisie Telecom, signé en janvier 2014, a aussi rempli de joie les petits, qui étaient bouche-bée et comme sur un nuage. Ils s’étaient d’ailleurs montrés très sages et semblaient moins excités que leurs papas. Qui n’ont pas raté l’occasion pour se prendre en photo avec le champion qui était, lui aussi, très relax. «Mais oui, on le connait. C’est notre champion. Même s’il n’a pas eu la chance de remporter une médaille à Rio, il restera notre idole», à lancé Mbarek, qui dit avoir suivi à la radio tous les résultats des compétitions des JO de Rio.
Le directeur Salem Arfaoui.
Le tableau manque de couleurs
La fête a gagné toute l’école et même débordé ses murs. Salem Arfaoui, directeur de cet établissement construit en 1961 et fréquentée aujourd’hui par 205 élèves, a profité de l’occasion de la venue des journalistes pour faire passer des messages. «J’ai 6 salles et 9 instituteurs dont 2 femmes. J’aurais aimé avoir une autre salle qui servirait à la fois de permanence pour les petits mais aussi d’abri lorsqu’il pleut ou lorsqu’il fait très chaud. Surtout que l’école n’est pas entièrement clôturée et les chiens s’attaquent souvent aux écoliers. Nous manquons également d’équipement au niveau de la salle d’Internet dotée de 8 unités qui ne fonctionnent plus et ne servent plus à rien», nous a-t-il confié.
Le directeur aurait aussi aimé que l’école soit dotée de son propre bus. «L’année dernière, les petits ont été ramenés, à plusieurs reprises, à bord des 2 bus mis à leur disposition, entassés les uns sur les autres, comme des sardines. Il est arrivé aussi au conducteur du bus de prendre des adultes avec les petits, ce qui est interdit par l’association qui fait des efforts très louables pour le confort des écoliers. Le transporteur est payé 1.200 dinars par mois. C’est une grosse somme et on aurait pu trouver une solution durable et pérenne», a-t-il ajouté. La balle est dans le camp de l’association Al-Madaniya.
Les toilettes ont un besoin de réfection.
L’instit est aussi un soldat
Autre souhait de M. Arfaoui : que l’Etat achève la construction des 200 mètres de clôture, la restauration des toilettes qui ne répondent pas aux normes sanitaires minimales et l’accélération des travaux dans une salle, construite avec les moyens du bord, il y a 55 ans, par les habitants, et qui menace de s’effondrer. «Le commissariat régional à l’éducation en a été informé et un PV a même été rédigé à ce sujet. Comme on manque d’espace, je suis dans l’obligation d’ouvrir cette salle aux élèves, tout en sachant que je cours un risque», a encore confié M. Arfaoui.
Avez-vous un problème d’eau ? Réponse du directeur : «Non, au contraire, nous avons ici l’eau Fourat. La nature nous a choyés de ce côté». Tout n’est donc pas à plaindre. M. Arfaoui a, d’ailleurs, tenu à remercier le gouvernement qui lui remet, chaque année, 14.000 dinars pour la cantine. «Ceci me permet de nourrir tous les élèves et non seulement les 140 inscrits sur la liste. Mais j’aurais bien aimé qu’on mette quelqu’un pour s’occuper de la cuisine. Le gardien le fait pour le moment avec amour, mais il n’est payé que 6 millimes par jour. C’est un peu décourageant», a enchaîné le directeur dont la retraite approche et espère voir ses collègues éducateurs s’armer de courage et privilégier l’intérêt des générations futures à leurs intérêts personnels et mettre fin à leurs revendications, d’autant que l’Etat est, aujourd’hui, en difficulté.
Il n’y a pas de problème d’eau à Oued Laksab, estime Salem Arfaoui.
«Ici, dans ces régions, le risque de voir les jeunes basculer dans l’extrémisme est grand et notre rôle, nous les instituteurs, c’est de leur éviter un tel dérapage. Les jeunes d’aujourd’hui n’ont aucune idée des sacrifices consentis par leurs parents et grands-parents et c’est dommage. L’instituteur doit mettre dans sa tête qu’il est aussi une sorte de soldat au service de la nation qu’il est appelé à protéger à sa manière», a conclu M. Arfaoui, avant de rejoindre ses hôtes, les instituteurs, les parents et les élèves pour le salut de l’hymne national.
On a la chair de poule face à ce quinquagénaire, soldat de l’éducation, si dévoué et si désintéressé, qui a gagné notre sympathie et forcé notre admiration.
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