Manifestations d’avril 2016 à Kerkennah.
Maintenant qu’un accord a été signé entre le gouvernement et les émeutiers de Kerkennah, l’Etat doit s’attendre à une reprise des protestations, avertissent des sources informées dans l’île.
Par Zohra Abid
Après la signature, vendredi, d’un accord entre l’Etat et les demandeurs d’emplois protestataires, en partie affiliés au parti islamiste radical Hizb Ettahrir et au Front populaire, la société tuniso-britannique d’hydrocarbures Petrofac pourrait reprendre ses activités, suspendues depuis plusieurs mois par les agitations sociales, et les Tunisiens pousser un ouf du soulagement de voir cette interminable crise se terminer enfin. Mais est-elle vraiment terminée ?
C’est cette question que se pose, aujourd’hui, un ingénieur originaire de l’île et qui travaille à Petrofac. «Couvrir des bandits et ne pas les poursuivre en justice, après tous les dégâts qu’ils ont causés, va beaucoup nuire au prestige de l’Etat et à son autorité, puisque, face à des fauteurs de troubles, il s’est montré incapable de faire appliquer la loi. Pire encore: l’Etat a fini par négocier avec des casseurs un accord qui, croit-il, va clore la crise. Or, on vient d’apprendre que ceux-là même qui étaient derrière les troubles des 6 derniers mois dans l’île, s’apprêtent à rebondir de nouveau au cours des semaines à venir. Ainsi, après la régularisation de la situation de 266 d’entre eux, on a préparé une nouvelle liste comptant 300 personnes qui va servir de prétexte pour lancer de prochaines manifestations», raconte cet ingénieur à Kapitalis, qui dit détenir cette information de notables de l’île qu’il a rencontrés hier.
«Les 300 vont, eux aussi, barrer les routes, paralyser la vie dans le port et prendre en otage, de nouveau, les 12.000 habitants de Kerkennah, dont plusieurs pêcheurs qui ne pourront plus se rendre sur le continent pour vendre leurs poissons, sans parler de l’aggravation du climat d’insécurité, propice à la recrudescence de l’émigration clandestine, de la contrebande et de l’infiltration des terroristes», explique notre ingénieur.
«Les manifestants sont manipulés par des criminels qui les payent et rien ne laisse penser qu’ils vont cesser leur manège. Avec le non lieu dont ont bénéficié les fauteurs de troubles, on peut dire que la voyoucratie a triomphé à Kerkennah», regrette notre interlocuteur, traduisant ainsi des sentiments et des inquiétudes partagés par toute l’élite de l’île.
«Que va faire désormais le directeur du lycée de Remla à qui on a demandé d’intégrer 10 personnes, qui ressemblent davantage à des voyous qu’à des surveillants dans une salle de permanence ? Ce directeur n’a même pas été prévenu du retour de ces voyous, dont le langage est fleuri de gros mots et qui vont inculquer aux élèves leurs mauvaises manières. Le délégué ou encore le directeur de l’hôpital se trouvent face au même problème. Le gouverneur de Sfax les oblige à accepter sous leur responsabilité des employés dont ils n’ont pas besoin, dont ils ne savent pas quoi faire et qui vont leur créer plus de problèmes qu’ils n’aideront à en résoudre», ajoute encore notre ingénieur, qui n’est pas optimiste quant à l’évolution de la situation à Kerkennah.
Une commission du gouvernement s’était pourtant rendue cette semaine au lycée, à l’hôpital et à la délégation et elle s’était entendu dire qu’il vaut mieux payer des salaires à ces gens-là pour ne rien faire que de les voir intégrer ces institutions et y semer la pagaille.
Avis de nouvelle tempête dans l’île!
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