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Le secteur bancaire tunisien à la croisée des chemins

employé de banque

Le secteur bancaire en Tunisie, qui souffre de nombreuses carences, doit se réformer profondément pour être en mesure de répondre aux besoins de l’économie du pays.

Principal pilier du secteur financier, le secteur bancaire tunisien se trouve aujourd’hui confronté à de considérables problèmes, touchant essentiellement à la qualité du portefeuille de crédits des banques, à leur niveau de solvabilité et à leur rentabilité.

Des carences sont aussi relevées en matière de supervision, d’information et de communication de données, souligne un récent rapport de l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF).

Une mission conjointe, sous l’égide du Fonds monétaire internationale (FMI) et de la Banque mondiale (BM), avait, dès le premier semestre de 2012, engagé les autorités tunisiennes à mettre en place les mécanismes nécessaires pour réformer le secteur et garantir un suivi régulier et global de la performance au niveau de chaque établissement bancaire.

Pour favoriser cette réforme, plusieurs experts et analystes recommandent d’évoluer progressivement vers une réorganisation du marché bancaire à travers une concentration du paysage bancaire, d’augmenter le capital minimum au-delà de 100 millions de dinars tunisiens (MDT) et d’encourager les fusions de manière à permettre de réduire les coûts de financement, d’améliorer la qualité et la disponibilité des fonds, de mieux répondre aux besoins de financements croissants, d’améliorer la qualité des services d’encourager l’innovation et d’offrir une plus grande stabilité du système bancaire.

Des chiffres qui ne trompent pas

Mais comment se porte aujourd’hui le système bancaire tunisien ? L’APTBEF a publié, dans ce contexte, des statistiques qui méritent l’attention.

Les crédits fournis par le système financier à l’économie en Tunisie se sont élevés, en 2015, à 65,517 millions de dinars tunisiens (MDT), en hausse de 6,3% par rapport à 2014.

Les crédits accordés aux entreprises et aux particuliers se sont élevées, l’année écoulée, respectivement, à 71,8% et 28,2%, contre 71,5% et 28,5% en 2014.

Le secteur des services a continué d’accaparer la plus grande part des crédits soit 59,8%, suivi par le celui de l’industrie avec 35,7% et l’agriculture et la pêche avec 4,5%.

L’évolution des crédits aux particuliers a poursuivi sa tendance baissière passant de 7,8% en 2014 à 5,3% en 2015.

L’encours des crédits à court terme s’est établi à 27,999 MDT en 2015 contre 26,273 MDT et 24,009 MDT respectivement en 2014 et 2013, en progression de 6,6% contre 9,4% en 2014. Le ralentissement enregistré est dû essentiellement à la baisse des crédits alloués au secteur de l’agriculture et de la pêche, à la décélération de la croissance des crédits accordés au secteur de l’industrie et des crédits à la consommation.

En revanche, la croissance des crédits à moyen et long termes s’est améliorée par rapport à l’année dernière après avoir accusé une décélération, en s’élevant à 6,2% contre 5,8% en 2014. Cette tendance porte la marque de l’augmentation des crédits consentis aux entreprises et aux professionnels, particulièrement le secteur de l’agriculture et de la pêche, qui a bénéficié des mesures de rééchelonnement, et certains secteurs industriels, notamment l’agroalimentaire et la construction.

Le taux d’inclusion financière reste faible

Sur un autre plan, le taux d’inclusion financière en Tunisie s’établit à peine à 36% de la population adulte. De fait, les deux tiers de la population adulte, sont exclus du secteur financier formel. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée en 2015 par la Banque mondiale et le Centre des femmes arabes pour la formation et la recherche (Cawtar). La même étude fait état d’une offre de services financiers inclusifs fragmentée, incomplète et peu accessible…

En dépit des 12 millions de comptes bancaires et postaux recensés e Tunisie, la demande de services de micro-finance reste estimée entre 2,5 et 3,5 millions de particuliers et leurs activités génératrices de revenus, soit 30% à 40% des adultes, et entre 245.000 et 425.000 entreprises formelles, soit plus de la moitié des entreprises en Tunisie.

Face à cet état de fait, le développement des intervenants financiers, des banques en particulier, serait, selon plusieurs analystes, la condition d’une croissance économique plus soutenue, grâce à l’économie des ressources financières autorisée par la diminution de la masse d’encaissement oisive, souligne l’APTBEF.

I. B. (avec Tap).

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