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Projet de budget de l’Etat 2017 : L’UGTT fait monter les enchères

UGTT-Houcine-Abassi
Persévérant dans sa politique du niet, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a opposé, lundi, une fin de non-recevoir au projet de budget de l’Etat 2017.

Par Marwan Chahla

Dans un communiqué, en cinq points principaux, le bureau exécutif de l’UGTT a exprimé sa colère que le gouvernement d’union nationale n’ait pas consulté l’organisation syndicale sur ses choix pour le budget de l’Etat pour l’année 2017.

Cette «approche exclusionniste», selon la formule du secrétaire général Houcine Abassi, dicte aujourd’hui à l’UGTT l’obligation de mobiliser ses troupes et de préparer «les travailleurs à défendre leurs droits et à exiger du gouvernement qu’il honore les engagements qu’il a pris», de «dénoncer la rupture du dialogue et la prise de décision unilatérale (du gouvernement, ndlr)», de «rejeter catégoriquement le projet de budget qui ne fait qu’alourdir encore plus le fardeau porté par la classe ouvrière», de «constater l’absence d’une véritable volonté de la part du gouvernement de lutter contre les fléaux de la corruption, de la contrebande et de l’évasion fiscale et d’établir la justice sociale», et de «faire porter à la coalition gouvernementale l’entière responsabilité de la déstabilisation de la paix sociale.»

Gare au danger de la déstabilisation sociale

Invité de l’émission ‘‘24/7’’ d’El-Hiwar Ettounsi, M. Abassi a, d’entrée de jeu, recadré l’ancien constituant Mahmoud Baroudi, désormais binôme de notre consœur Meriem Belkadhi, qui a cru voir dans le communiqué du bureau exécutif de l’UGTT une menace de grève générale. Il conseille au nouveau membre de Nidaa Tounes d’être prudent, de faire «une lecture sensée» du texte de la centrale syndicale et de ne pas tirer des conclusions hâtives et erronées: «Nous n’en sommes pas là, lance-t-il, et le jour où nous déciderons de la tenue d’une grève générale, nous n’hésiterons pas à le faire savoir et nous l’annoncerons clairement et sans détour.»

Reprenant point par point le dernier communiqué du bureau exécutif, le secrétaire général de l’UGTT a expliqué qu’«il est tout à fait normal qu’une organisation syndicale comme la nôtre se prépare comme elle l’a fait à toutes les éventualités. Nous nous préparons soit par le moyen du dialogue – et nous avons toujours été partisans du dialogue – ou, si les tractations échouent et que l’on se trouve dans l’impasse, il est tout à fait naturel que nous recourions à la mobilisation de nos forces pour défendre nos intérêts. Autrement, qui est-ce qui assumerait la responsabilité de faire connaître les revendications des travailleurs? Qui est-ce qui, mieux que notre organisation syndicale, assurerait la défense des intérêts des ouvriers?»

«L’UGTT ne fait pas partie du gouvernement»

Sans attendre de réponse, Houcine Abassi, accusateur, enchaîne: «Nous avons ainsi présenté notre point de vue et nous restons ouverts au dialogue. Ce que nous reprochons au gouvernement c’est qu’il nous ait associés aux consultations que de manière symbolique. Il (le gouvernement de Youssef Chahed, ndlr) est en train de prétendre que l’UGTT a été partie prenante… Certes, l’Union a été signataire du Document de Carthage, nous en sommes toujours liés et, là-dessus, nous ne renions aucunement notre engagement. Sauf que faire croire, auprès des médias et donc l’opinion publique, que l’UGTT a joué un rôle actif dans ce qui a suivi l’adoption de ce Document n’est pas vrai. Que s’est-il passé, en réalité? Nous avions eu quelques rencontres avec le gouvernement: deux ou trois fois, dans le cadre des réunions du Comité 4+4; le Bureau exécutif a rencontré le chef du gouvernement et certains membres de son équipe; personnellement j’ai eu l’occasion de m’entretenir en tête-à-tête avec le Premier ministre, peut-être plus de trois fois. Et les points de vue…»

Meriem Belkadhi, souhaitant ajouter son grain de sel à cette énumération, a rappelé à Houcine Abassi que «l’UGTT fait bien partie du gouvernement.» Cette remarque de l’animatrice a fait bondir le secrétaire général de la centrale syndicale. Il rétorque: «Cessez, je vous prie, de dire et de répéter que nous faisons partie du gouvernement ou que notre organisation est représentée au sein de ce gouvernement. Nous ne sommes, ni de près ni de loin, concernés par l’exercice du pouvoir. Il est vrai que nous avions souscrit aux termes du Document de Carthage. Ensuite, un chef de gouvernement a été désigné et cet homme a formé son équipe pour diriger les affaires du pays. Aucun membre de ce gouvernement ne représente notre organisation syndicale. Qu’on se le tienne pour dit! Quand bien même il y aurait une vingtaine de dirigeants syndicalistes dans le gouvernement, ces personnes-là ne représenteraient qu’elles-mêmes – et non pas notre centrale».

Il apparaît clairement, donc, que le gouvernement de M. Chahed, face à ce haussement de ton de l’UGTT et de son secrétaire général, va devoir revoir sa copie et que certains arbitrages – notamment ceux du président de la république Béji Caïd Essebsi et du président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) Mohamed Ennaceur – seront nécessaires avant que les députés ne donnent leur feu vert définitif au Budget 2017…

Ce rejet du projet de budget de l’Etat, qui survient quelques jours après le refus, par la même UGTT, de la proposition du gouvernement de reporter à 2019 les négociations sur les augmentations salariales prévues pour 2017, n’augure pas d’une accalmie sur le front social, pourtant nécessaire à la mise en route des réformes convenues avec les bailleurs de fonds et les partenaires internationaux et à la relance de l’économie, en berne depuis 2011.

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