La députée Bochra Belhaj Hmida, avocate de son état, déplore l’évasion fiscale pratiquée par une bonne partie de ses collègues en robe noire.
Dans un post publié aujourd’hui, jour de la grève décrétée par l’Ordre national des avocats tunisiens (Onat) qui protestent contre les mesures fiscales les concernant dans le projet de loi de finances 2017 actuellement examiné par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), la députée indépendante a dénoncé la position de ses collègues, qui ne veulent pas payer l’impôt, et leur a rappelé leur devoir fiscal, qui est le devoir de tout citoyen dans un pays de loi et de droit.
«En tant que citoyenne, avocate et femme politique indépendante, je suis pour la justice fiscale entre citoyens d’une part, et entre avocats d’autre part. La facturation est seule garante de cette valeur tant revendiquée par tous et notamment le Quartet qui s’est vu octroyer le prix Nobel de la paix (dont, rappelons-le, l’Ordre des avocats, Ndlr). Les propositions des uns et des autres ne m’ont pas convaincue et n’ont pas convaincu les contribuables dont les impôts sont payés à la source», a-t-elle écrit. Et de rappeler aux avocats le contenu de l’article 10 de la constitution, qui stipule ceci: «L’acquittement de l’impôt et la contribution aux charges publiques, conformément à un système juste et équitable, constituent un devoir et l’Etat met en place les mécanismes propres à garantir le recouvrement de l’impôt et la lutte contre l’évasion et la fraude fiscales».
Cette position n’a pas laissé insensibles les internautes, dont l’activiste politique Adnane Belhaj Amor, qui lui a rendu hommage. «Position courageuse et remarquable d’objectivité et d’honnêteté de l’avocate et femme politique Bochra Belhaj Hmida. Elle refuse de suivre aveuglément les structures corporatistes qui s’opposent sans raison valable à la loi de finances 2017 qui n’augmente pas la pression fiscale sur les avocats, mais vient seulement essayer de mettre un terme à une évasion fiscale éhontée pratiquée par une large partie de ce corps», a-t-il écrit, et de s’étonner de la position de certains avocats députés «qui s’évertuent à vouloir tromper l’opinion en faisant croire que l’équité et la justice ne sont pas respectées dans les mesures fiscales».
«L’avidité humaine n’a pas de limite», a-t-il conclu dans ce qui ressemble à une gifle à tous les avocats, qui font grève aujourd’hui pour exiger de continuer à bénéficier de leurs privilèges fiscaux devenus honteux et inacceptables.
Z. A.
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