De G. à D. et de H. en B.: Flifla Chamia, Hassiba Rochdi, Zohra Faiza et Jamila Ourabi.
A l’occasion de leur cinquantenaire, les Journées cinématographiques de Carthage (JCC2016) proposent une section parallèle intitulée ‘‘Femmes et Mémoire’’.
Organisée à l’initiative de la Fondation tunisienne Femmes et Mémoire (FTFM), cette section vise à faire connaître et à réhabiliter les différents apports artistiques des femmes à travers l’histoire du cinéma tunisien, qui est né avec l’apparition de deux films de fiction ‘‘Zohra’’ sorti en 1922 et ‘‘Ain El-Ghazal, la fille de Carthage’’ en 1924 du réalisateur Albert Samama Chikli dans lesquels sa fille Haydée Samama Chikli jouait le rôle-titre.
Les JCC commémorent, cette année, le centenaire de la naissance (1906-2016) de celle qui est considérée comme la première actrice du cinéma tunisien et probablement arabe. Lors de cette session, un hommage lui sera rendu ainsi qu’à d’autres comédiennes pionnières du cinéma tunisien telles que Flifla Chamia, Hassiba Rochdi, Zohra Faiza et Jamila Ourabi.
Une exposition et une table ronde réunissant divers protagonistes seront organisées pour faire connaître davantage nos femmes artistes. Et un prix portant, pour cette session des JCC 2016, le nom Haydée Samama Chikli, sera consacré par l’association FTFM à la meilleure interprétation féminine des films tunisiens de la compétition officielle.
Le cinéma tunisien se doit de sauvegarder et de réhabiliter la mémoire de celles qui, grâce à leur passion et leur audace, réussirent à s’imposer à l’écran à une époque où le conservatisme social les réduisait à l’espace familial et brimait leurs désirs et leur créativité.
Haydée Samama Chikli: « Images retrouvées»
C’est pour fêter le centenaire de sa naissance (Tunis 23 août 1906 – Tunis 20 août 1998) qu’un hommage à celle qui fut la première actrice, la première scénariste et la première monteuse tunisienne et – probablement – arabe.
Fille du premier cinéaste qu’ait connu la Tunisie Albert Samama Chikli (1872-1934), elle campa, à l’âge de 14 ans, son premier rôle dans le premier film tunisien ‘‘Zohra’’, en 1922 et, deux ans après, dans le film ‘‘Aïn El-Ghezal, la fille de Carthage’’, films muets réalisés par Samama Chikli.
Flifla Chamia ou une mémoire qui se perd
Mère de la cantatrice tunisienne Hana Rached, Flifla Chamia est une grande artiste, chanteuse et danseuse. Elle campa le rôle de Aicha auprès de Mohieddine Mrad, Habib El-Manaâ, Abdelmajid Chabbi… dans le film ‘‘Le Fou de Kairouan’’ (1937) de Jean-André Creuzy dont la musique est composée par Mohamed Triki et Maurice Benais et interprétée par Mohamed Jamoussi. Ce film tourné en Tunisie est considéré comme le premier film tunisien parlant et chantant.
Hassiba Rochdi, la cantatrice tunisienne
Actrice et chanteuse tunisienne (Joumine 1918 – La Soukra, 26 septembre 2012), elle fut révélée à l’écran par le réalisateur tunisien Abdelaziz Ben Hassine, dans son film ‘‘Tergui’’ tourné en 1935.
Première chanteuse tunisienne renommée au Caire et première actrice tunisienne à jouer un rôle principal dans des films égyptiens. Après son retour en Tunisie durant les années 1950, elle continue sa carrière à l’écran en tournant pour la télévision et surtout le cinéma. Elle joue dans ‘‘Goha’’ (1957) de Jacques Baratier avec Omar Sharif et Claudia Cardinale et interprète des rôles dans d’autres films tunisiens.
Jamila Ourabi, l’actrice épouse, mère, tante
Comédienne de pièces radiophoniques, elle joua son premier rôle au cinéma dans ‘‘Al-Fajr’’ (1966) de Omar Khlifi aux côtés des deux danseuses Zina et Aziza…, et campa les rôles de la mère, de l’épouse, de la tante ou des rôles équivalents dans de nombreux films tunisiens.
Zohra Faiza, l’héroïne populaire tunisienne
Zohra Faiza, de son vrai nom Zohra Bougrin, originaire du Kef, est une actrice de théâtre depuis les années 40. Elle s’est imposée à la Radio puis à la Télévision tunisienne. Elle a joué aussi dans de nombreux films tunisiens entre 1957 et 1972 tel ‘‘Goha’’ de Jacques Baratier aux côtés de Hassiba Rochdi… Parmi les plus importants: ‘‘Om Abbès’’ en 1969 d’Ali Abdelwaheb… Elle tint le rôle de la mère dans la série télévisée humoristique ‘‘Ommi Traki’’de Abderrazak Hammami qui eut un grand succès auprès du public tunisien.
Programme de l’hommage
Exposition dans le cadre de l’exposition du cinquantenaire des JCC au Palais des congrès : Comédiennes pionnières du cinéma tunisien : Haydée Chikli, Flifla Chamia, Hassiba Rochdi, Jamila Ourabi et Zohra Faiza.
Théâtre El Hamra, dimanche 30 octobre, 13h-17h : séance de projection de films animée par Ilhem Abdelkèfi (FTFM). Films à projeter : ‘‘Albert Samama Chikli’’ (Mahmoud Ben Mahmoud), ‘‘Zohra’’ (Albert Samama Chikli), ‘‘Ain El-Ghazel ou la Fille de Carthage’’ (Albert Samama Chikli), ‘‘Hassiba Rochdi’’ (film de 7mn réalisé par le Festival Hassiba Rochdi , ministère de la Culture, 2014) et extraits de quelques films dans lesquels apparaissent les pionnières : ‘‘Un été à La Goulette’’ (Férid Boughedir), ‘‘Anastasia de Bizerte’’ (Mahmoud Ben Mahmoud), ‘‘Le fou de Kairouan’’ (Jean-André Creuzy), ‘‘Goha’’ (Jacques Baratier), ‘‘L’Aube’’ (Omar Khlifi).
Table ronde : «Comédiennes pionnières du cinéma tunisien», modérée par Noura Borsali (FTFM), avec la participation de Jaouida Tamzali Vaughan (fille de Haydée Chikli Tamzali) et Paul Vaughan, Souad Lasram, fille de sa meilleure amie feue Safia Ben Achour. Témoignages d’Omar Khlifi, cinéaste et auteur de ‘‘Histoire du cinéma tunisien’’ (STD, Tunis, 1970), Cecilia Cenciarelli, directrice de la Fondazione Cineteca di Bologna qui dispose des archives filmées et photographiques de Albert Samama-Chikli et veille à leur préservation et restauration, Mahmoud Ben Mahmoud, cinéaste, réalisateur du film ‘‘Albert Samama Chikli, Ce merveilleux fou filmant avec ses drôles de machines’’ (France, Tunisie, 29 minutes, 1996), Férid Boughedir, cinéaste, Mohamed Chellouf, cinéaste-producteur tunisien, organisateur de la manifestation: ‘‘Le cinéma au musée’’ (Sousse, 2015) où une hommage fut rendu au pionnier du cinéma tunisien Albert Samama Chikli (1872-1934), Guillemette Mansour, auteur de la monographie intitulée ‘‘Samama Chikly, un Tunisien à la rencontre du XXe siècle’’ (Simpact Éditions, Tunis, 2000) dont le dernier chapitre «Pionnier du septième Art» (236-270) est consacré à Haydée Chikli-Tamzali, Rabaa Ben Achour Abdelkéfi, universitaire, qui présentera un document inédit, écrit par Haydée Chikli Tamzali et intitulé : ‘‘Images perdues. Souvenirs de Tunisie et d’Algérie’’, Nine Moati, auteur du roman ‘‘Les Belles de Tunis’’ paru en 1983 aux Éditions du Seuil et réédité en Tunisie par Ceres Editions en 2011, et dans lequel est évoquée – furtivement – Haydée, l’actrice et l’amie, Olfa Youssef, universitaire, auteur d’un témoignage de Haydée Chikli Tamzali ainsi que de Jamila Ourabi, publié, dans l’ouvrage ‘‘Mémoire de femmes. Tunisiennes dans la vie publique 1920-1960’’, Credif-ISHMN, éditions Média Com, 1993, Tahar Melligi, chroniqueur et auteur sur l’histoire artistique en Tunisie, Morgan Corriou, chercheure, auteure d’études sur le cinéma en période coloniale, Habib Belaid, chercheur, auteur d’une étude sur les caravanes cinématographiques, Ilhem Abdelkèfi, FTFM , Neila Mani, FTFM Samia Yazidi…
Le Jury du Prix FTFM :
Le jury du Prix Haydée Samama Chikli de la meilleure interprétation féminine (première œuvre, LM et CM tunisiens en compétition officielle) est composé de Ilhem Abdelkèfi, fondatrice FTFM, critique cinématographique, Fatma Ben Saidane, artiste comédienne et Leila Hjaiej, universitaire et artiste interprète.
La FTFM est une association légalement créée, à Tunis, en juin 2015. Elle a pour mission de faire connaître et de réhabiliter la présence active des Tunisiennes à travers l’histoire et sous ses formes les plus diverses.
Les membres de la FTFM organisateurs de la manifestation sont Noura Borsali, Ilhem Abdelkéfi, Samia Yazidi et Neila Achour.
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