La campagne de dénigrement contre le ministre de l’Education, Néji Jalloul, est d’autant plus louche que son enjeu n’est ni éducatif ni syndical, mais clairement politique.
Par Hedia Yakhlef *
Halte au mélange des genres et à la manipulation ! Disons-le d’emblée, les revendications relatives aux augmentations salariales sont légitimes et ne doivent souffrir d’aucune contestation, reste que ce que nous voyons aujourd’hui en mobilisation, nous parait suspect et malvenu.
Que des enseignants réunis on ne sait comment, ni par quel moyen, ni dans quel cadre, aillent crier devant le ministère de l’Education et lâcher leur fiel contre leur ministre, Neji Jalloul, nous semble douteux, surtout quand on sait les manipulations dans ce domaine et les tentatives de récupérer ce fameux terrain de l’éducation où se forment la jeunesse et les nouvelles générations.
Parce que nous n’oublions pas les propos de Abdelfattah Mourou, vice-président du parti islamiste Ennahdha, et consorts sur la volonté de formater nos enfants («ce ne sont pas les laïques d’aujourd’hui qui nous intéressent mais leurs enfants», disait-il en 2012), nous disons aujourd’hui halte à ces tentatives de détourner le sens des réformes nécessaires de notre système éducatif.
Notre objectif en tant qu’enseignants conscients des urgences du moment et du futur est de participer dans un cadre dynamique de discussions et d’échanges à élaborer un vrai projet moderne de formation et d’éducation capable d’assurer le développement et le progrès de ce pays que nous aimons; un projet moderne qui donne sa place aux savoirs pointus, mais également à une culture vaste, ouverte, tolérante et éclairée sans oublier l’incontournable esprit critique . C’est là le véritable défi pour nous.
Si revendications il y a, elles doivent être conscientes des dangers qui guettent et des risques de voir un autre projet obscurantiste s’emparer des esprits de nos futures générations.
L’amélioration matérielle et financière de l’exercice de la profession est certes naturelle et nécessaire, mais elle ne peut se faire aux dépens de la conscience claire des enjeux politiques périlleux de la phase historique cruciale que nous vivons. Sinon gare au modèle turc rampant !
* Enseignante.
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