Leila Ben Abdallah a présenté, cette semaine, son spectacle ‘‘Good Morning Zitounia!’’ où elle propose une version tunisienne des révolutions arabes de 2011.
Par Marwan Chahla
La Tuniso-américaine remonte le temps pour décrire l’atmosphère qui régnait, en 2011, à Zitounia, une île méditerranéenne imaginaire, elle aussi atteinte par les soulèvements qui ont secoué la Tunisie, point de départ du Printemps arabe, et l’Egypte. Elle relate les difficultés auxquelles les journalistes arabes étaient confrontés dans l’accomplissement de leur tâche. Malgré les restrictions extrêmes qui leur sont imposées, les personnages de Leila Ben Abdallah s’en sortent plutôt bien dans leur couverture des événements.
«Il s’agit d’un phénomène et d’une situation auxquels certains journalistes américains font face aujourd’hui en cette ère du tout-Trump», explique-t-elle au site ‘‘Alternet’’.
«Ce spectacle est destiné à toutes les personnes qui ne veulent pas lire les informations parce qu’elles sont tristes, ou celles qui souhaitent en savoir plus sur le Moyen Orient et l’Afrique du Nord, mais qui craignent que cet exercice ne soit fastidieux ou trop ennuyeux», ajoute Leila Ben Abdallah.
‘‘Good Morning Zitounia!’’ met en scène un groupe de marionnettes qui échangent, tout au long du spectacle, des critiques et des attaques sur l’interprétation et la couverture d’événements réels des révolutions tunisienne et égyptienne de 2011. Les personnages incarnés par les marionnettes sont des correspondants et des reporters réagissant à la censure qui leur est imposée; et Leila Ben Abdallah joue son propre rôle.
«Généralement, ici aux Etats-Unis, nous avons tendance à considérer les concepts de liberté d’expression, de paix et de démocratie comme étant des valeurs exclusivement américaines. Par conséquent, outre le fait que j’essaie d’être drôle dans mon spectacle, j’espère que ce que je raconte sur la lutte pour la liberté que mène le monde arabe servira à rappeler que ces valeurs sont universelles, humaines, et non pas uniquement américaines», explique la comédienne engagée.
«Le climat politique auquel nous assistons chez nous [aux Etats-Unis, ndlr] est si diabolisant des Arabes et des musulmans. Ainsi, tout ce qui peut être dit ou fait pour rappeler notre humanité commune est le bienvenu. Je souhaite aussi pouvoir contribuer à faire prendre conscience aux spectateurs qu’il existe des ressemblances entre la dictature et la situation que nous vivons actuellement aux Etats-Unis. Cela permettra, je l’espère, aux Américains de poursuivre leur combat pour la préservation de ces valeurs, plutôt que de les prendre pour argent comptant», insiste Leila Ben Abdallah.
Afin de préparer son spectacle, la comédienne tuniso-américaine s’est déplacée en Tunisie, a mené des enquêtes sur le terrain et récolté ainsi de la matière auprès des membres de sa famille et de ses amis qui, de près ou de loin, ont pris part à la révolution du 14 janvier 2011.
Leila Ben Abdallah se produit, chaque semaine, au People’s Improv Theater de la ville de New York.
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