L’auteure, journaliste britannique, explique pourquoi les tour-operators et compagnies de croisières britanniques hésitent à programmer la Tunisie.*
Par Helen Coffey
Alors que certains croisiéristes européens renouent petit à petit avec ses ports, la Tunisie s’efforce à démontrer qu’elle est de nouveau dans les affaires. Mais vous, vous sentiriez-vous sûr en Tunisie?
«La Tunisie est de retour aux affaires», telle était l’annonce faite lors de la Conférence internationale sur l’investissement, qui s’est tenue les 29 et 30 novembre dernier, à Tunis.
Le pays d’Afrique du Nord se débat avec détermination pour réhabiliter son image de destination touristique populaire – mais convaincre les vacanciers britanniques que ce pays est redevenu sûr reste une entreprise de longue haleine.
Cependant, des croisiéristes allemands ont une toute autre opinion: certains d’entre eux ont de nouveau inscrit les ports de Tunisie sur les itinéraires de leurs flottes.
Le 2 décembre dernier, le voyagiste Phoenix Reisen, basé en Allemagne, a offert à ses clients, à bord de son MS Amadea, une escale au port de La Goulette. A cette occasion, les 441 passagers germanophones ont eu le plaisir d’admirer, pendant 7 heures – de 11:00 à 18:00 –, les attractions touristiques de la ville de Tunis, de découvrir les ruines des empires carthaginois et romain, à Carthage, la médina du 12e siècle et les multiples souks de la capitale Tunis.
Et le MS Amadea n’était pas le premier bateau de croisière à avoir jeté l’ancre en Tunisie, en 2016.
En octobre dernier, aussi, un autre voyagiste allemand, Hapag Lloyd, a permis à un de ses paquebots luxueux de faire escale dans le même port de La Goulette. L’Europa, le premier bateau de croisière au monde à n’avoir que des suites, avait à son bord 300 passagers. Et la Tunisie était la première escale de son parcours. Cet arrêt en Tunisie, qui était de 10 heures, représentait un message clair que l’industrie du voyage internationale souhaitait renouer avec la destination Tunisie.
Le pays, qui était jadis une escale incontournable des itinéraires des croisiéristes mondiaux, a enregistré une chute énorme du nombre de ses visiteurs étrangers, depuis les attaques terroristes de 2015.
Il y a eu l’acte fou d’un terroriste dans le port d’El-Kantaoui, qui a coûté la vie, en juin, à 38 touristes – dont 30 étaient des ressortissants britanniques.
Cet attentat a eu lieu trios mois après une autre attaque terroriste, où 21 touristes ont trouvé la mort, au musée national du Bardo. L’organisation terroriste de l’Etat islamique avait revendiqué ces deux attentats.
En 2015, les arrivées de touristes internationaux ont chuté à 5,5 millions – le plus bas niveau depuis de nombreuses décennies –, à la suite de la décision prise par les tour-operators et les croisiéristes européens de déprogrammer la destination Tunisie.
En conséquence de cela, les revenus générés par l’activité touristique tunisienne, qui en temps normal représentent quelque 8% du PIB tunisien, ont baissé de 35% pour atteindre le niveau de 1,5 milliard de dollars.
Depuis le début de l’année, la ministre tunisienne du Tourisme Selma Elloumi-Rekik n’a eu de cesse d’appeler les dirigeants européens à lever leurs avertissements contre le voyage en Tunisie.
Sa cause auprès des Britanniques n’a pas été entendue: les tour-operators et les compagnies de croisières du Royaume-Uni hésitent encore à franchir le pas, suivant en cela l’avis du Foreign Office, selon lequel «le risque terroriste en Tunisie est toujours élevé. D’autres attaques, qui prendraient pour cible les étrangers, restent encore très possibles.»
Texte traduit de l’anglais par Marwan Chahla
*Le titre est de l’auteur.
Source: ‘‘Express’’.
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