Belhassen Trabelsi, beau-frère de Ben Ali, a donné, hier soir, sur Attessia TV, sa version des dernières heures de l’ancien régime. Et parlé, à demi-mot, d’un putsch militaire.
Le beau-frère de l’ancien président Ben Ali, en fuite à l’étranger depuis le 14 janvier 2011, parlait en direct à travers Skype d’un lieu indéterminé et dont il a refusé de révéler le nom, mais on a compris qu’il vit désormais loin de sa femme et de ses enfants, restés au Canada. Ces précautions sont compréhensibles, car l’homme, qui est poursuivi en Tunisie dans plusieurs procès pour corruption et malversations financières, est sous le coup d’une demande d’extradition émanant des autorités tunisiennes.
Revenant sur les circonstances de sa fuite, sur son bateau personnel, et de celles de l’arrestation des membres de sa famille à l’aéroport de Tunis-Carthage et du départ précipité de Ben Ali, Belhassen Trabelsi a laissé entendre que le général Ali Seriati, l’ex-patron de la garde présidentielle, et le général Rachid Ammar, ancien chef d’Etat-major interarmées, se sont mis d’accord pour éjecter Ben Ali du palais de Carthage, estimant qu’il n’est plus habilité à diriger le pays, ou l’ont lâché, s’interdisant de soutenir encore son régime fortement contesté, à l’intérieur et à l’extérieur, et d’assumer la responsabilité d’une éventuelle répression populaire.
Tout en affirmant que les deux généraux n’ont pas dit toute la vérité sur ce qui s’est passé réellement ce jour-là et les jours précédents et sur leurs rôles respectifs dans la précipitation du départ de Ben Ali, Belhassen Trabelsi a rappelé que le général Seriati s’était employé à faire peur au président Ben Ali et aux membres de sa famille et qu’il leur a presque forcé la main pour les faire quitter le pays.
Selon Belhassen Trabelsi, Ali Seriati, qui était derrière les rumeurs propagées le 14 janvier 2011 à propos du mystérieux hélicoptère survolant le palais de Carthage, du bâtiment militaire mouillant au large du palais et de la marche sur le palais organisée par des milliers de manifestants, voulait accélérer le départ de Ben Ali, estimant que c’est la seule solution pour que le pays retrouve enfin son calme.
Selon lui, Samir Tarhouni, ancien chef de la Brigade antiterroriste (BAT), qui a arrêté les membres de sa famille à l’aéroport de Tunis-Carthage pour empêcher leur départ à l’étranger, et Sami Sik Salem, numéro 3 de la garde présidentielle, qui a organisé la passation du pouvoir après le départ de Ben Ali au Premier ministre Mohamed Ghannouchi, n’ont pas agi de leur propre chef mais ont reçu des instructions, laissant entendre que ces instructions ne pouvaient émaner que du général Seriati ou du général Ammar, devenu le seul maître du pays après le départ de Ben Ali, ou des deux à la fois. Une partie d’échec serrée s’était jouée entre les deux généraux, a-t-il souligné, sans donner plus de précisions. Mais ces lourdes allusions accréditent la thèse d’un putsch militaire, soutenue par plusieurs proches de Ben Ali.
Z. A.
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