Un imam soupçonné d’avoir influencé l’auteur de l’attentat de Sousse a obtenu une assistance financière du gouvernement de Grande-Bretagne.
Par Marwan Chahla
C’est ce qu’ont révélé, hier lundi 23 janvier 2017, les auditions publiques sur le massacre de l’hôtel Imperial Marhaba, le 26 juin 2015, à Sousse, qui a coûté la vie à 38 touristes, dont 30 de nationalité britannique.
Hani Al-Sibaï, le mentor de Seifeddine Rezgui et “Jihadi John”(1), entre autres djihadistes tristement célèbres, vit dans une luxueuse demeure, dont la valeur est estimée à un million de livres sterling (près de 3 millions de dinars tunisiens), située dans un quartier huppé de l’ouest de Londres.
Selon certaines sources, Al-Sibaï, égyptien de naissance et âgé de 55 ans, vit avec sa femme et ses cinq enfants de 50.000 livres sterling (142.000 dinars tunisiens) annuelles, sous formes d’aides financières et d’allocation de subsistance pour handicapé.
Il est arrivé en Grande Bretagne en 1994 et s’est vu refuser, en 1998, sa demande d’asile politique en raison de son appartenance présumée au groupe armé terroriste égyptien du jihad islamique, proche d’Al-Qaïda.
Al-Sibaï a été maintenu en garde à vue, alors que les autorités britanniques tentaient de le déporter, jusqu’au jour où, un an plus tard, il a été remis en liberté car l’Egypte «n’a pas fourni de garantie que la vie du présumé terroriste ne serait pas en danger.»
Selon le ‘‘Daily Mail’’, pendant deux décennies, Al-Sibaï a bénéficié d’un total d’assistance légale de 123.000 livres sterling (plus de 350.000 dinars) qui ont notamment servi à payer les honoraires d’éminents avocats droit-de-l’hommistes.
Hier à Londres, lors des auditions publiques sur l’attentat de Sousse, le nom d’Al-Sibaï a été cité comme ayant exercé une influence sur le groupe terroriste tunisien d’Ansar Charia qui a, selon les autorités tunisiennes, recruté et entraîné Seifeddine Rezgui, l’auteur de la tuerie.
Le nom d’Al-Sibaï a été abondamment cité dans un rapport du Centre international de lutte contre le terrorisme de La Haye, dans lequel il est décrit comme étant une «personne influente de première importance.»
Il est soupçonné d’avoir entretenu des liens étroits avec le réseau terroriste de l’ouest de Londres où Mohammed Emwazi, alias ‘Jihadi John’, a opéré.
D’aucuns affirment qu’Al-Sibaï, un imam charismatique, a influencé plusieurs jeunes musulmans britanniques qui, par la suite, ont épousé la cause du djihad et se sont rendus au Moyen Orient, notamment en Irak et en Syrie.
En 2014, dans une autre affaire, il a été accusé d’avoir «fourni de l’aide matérielle à Al-Qaïda et conspiré pour commettre des actes terroristes», une allégation qu’il a niée.
Le ministère britannique de la Justice a déclaré que, depuis 2010, il a réduit de 20% les émoluments payés aux avocats servant dans des affaires d’assistance juridique. Un porte-parole a ajouté que «les requêtes d’aide légale sont désormais soumises à un examen de ressources très strict. Les personnes qui ne répondent pas aux seuils pertinents de cet examen sont obligées de payer une importante contribution aux coûts de leur défense.»
Note:
(1) ‘Jihadi John’ est le surnom de Mohammed Emwazi, également désigné par son nom de guerre Abou Muharib al-Muhajir.
En février 2015, il est identifié par les médias comme le Britannique naturalisé Mohammed Emwazi, né le 17 août 1988 au Koweït. Le 12 novembre 2015, il est annoncé mort à la suite d’une frappe de drone américaine. L’organisation terroriste de l’Etat islamique (Daêch) confirme sa mort le 19 janvier 2016.
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