L’attaque à la machette, vendredi, contre des militaires au musée du Louvre a semé la panique, pendant quelques heures, à Paris, et accentué chez les Français la crainte du terrorisme.
Par Habib Trabelsi, correspondant à Paris
Faire l’assaut de la très touristique galerie du Carrousel du Musée du Louvre, en plein jour, en plein cœur de Paris… S’attaquer, armé de deux machettes et du cri «Allahou Akbar», à des militaires bien rodés et bien entraînés et en permanence le doigt sur la gâchette… ne peut relever que du crétinisme sans limite… C’est mener un combat contre des moulins à vent.
Le «Don Quichotte» de cette conquête (ou «ghazwa» dans la phraséologie jihadiste) avortée est cette fois un Égyptien de 29 ans prénommé Abdallah E-H., arrivé récemment en France en provenance de Dubaï.
Selon le procureur de la République de Paris, François Molins, cet individu a acheté deux machettes dans une armurerie parisienne avant de passer à l’acte.
Les policiers et les gendarmes opèrent dans un contexte de menace terroriste.
L’assaillant, intercepté avant même qu’il n’entre dans la zone commerciale du Carrousel, a blessé à la manchette un militaire de l’opération Sentinelle, un corps fort de plusieurs milliers de membres mis en place au lendemain des attentats de Paris en janvier 2015 afin d’appuyer le travail des policiers et des gendarmes dans un contexte de menace terroriste.
L’agresseur a été sérieusement touché par balles et son pronostic vital est «très engagé», selon le procureur.
Le musée et ses environs ont été rapidement sécurisés.
«Guerre implacable»
A en croire ‘‘Le Parisien’’, qui affirme avoir repéré un compte Twitter et un profil Facebook au nom de l’assaillant, le jeune homme serait le responsable des ventes dans une entreprise spécialisée en développement durable aux Émirats arabes unis. Ses nombreux posts sont d’un accent trop religieux.
Le dernier tweet, envoyé quinze minutes avant l’attaque, donne froid dans le dos: «Pas de négociation possible, pas de compromis, pas de flatteries, et aucune reculade possible. Guerre implacable», menaçait Abdallah E-H. qui, selon ‘‘Le Parisien’’, a un goût prononcé pour le football occidental (en mettant en avant Arsenal, Real Madrid et Bayern) et… le bodybuilding.
Le présumé auteur de l’attaque est féru de football et de bodybuilding.
Notre Don Quichotte était en possession de deux sacs à dos. Après une intervention des services de déminage, il a été constaté qu’ils ne contenaient pas d’explosif… Rien qu’une seconde machette et… des bombes de peinture!
Il n’en demeure pas moins qu’Abdallah E-H. a réussi, malgré lui, à semer la panique parmi des centaines de touristes étrangers confinés à l’intérieur avant d’être évacués très vite par petits groupes. Il a contraint la RATP à fermer la station de métro parisien Palais Royal Musée du Louvre au public pendant quelques heures «par mesure de sécurité» et amené le musée du Louvre à fermer ses portes jusqu’à nouvel ordre.
Abdallah E-H. a réussi aussi, involontairement, à mobiliser un arsenal militaire impressionnant –dont de nombreux véhicules blindés et nombreux policiers d’élite cagoulés, armés et sur le qui-vive – qui était resté déployé autour du Louvre où un large périmètre de sécurité a été mis en place plusieurs heures après l’attaque avortée, a constaté le correspondant de Kapitalis.
Cri de guerre dans une ville touchée en plein cœur
Il faut toutefois reconnaître que la ville de Paris, qui a lancé officiellement le même jour sa campagne de promotion internationale pour l’organisation des Jeux olympiques de 2024, en dévoilant sur la Tour Eiffel son slogan «Made for sharing» («Fait pour partager»), est traumatisée pour avoir été frappée par le terrorisme et touchée en plein cœur dans son tourisme.
Les attentats survenus à Paris en novembre 2015 avaient déjà entraîné une forte baisse de la fréquentation du plus grand musée d’art du monde, qui s’était ressentie sur l’ensemble de l’année. Selon des statistiques officielles, le nombre de visiteurs a chuté en deux ans, passant de 9,3 millions en 2014 à 8,6 millions en 2015 puis 7,3 millions en 2016.
Des touristes chinois hier au Carrousel du Louvre.
Voilà pourquoi il a suffit que l’assaillant lance le cri «Allahou Akbar» pour que tous les médias s’emballent et que plusieurs hauts responsables crient d’emblée à l’attaque terroriste.
«C’est un acte dont le caractère terroriste ne fait guère de doute», l’attaque est «visiblement à caractère terroriste», ont aussitôt tweeté respectivement le chef de l’Etat François Hollande et le Premier ministre Bernard Cazeneuve.
«L’attaque survient deux ans, jour pour jour, après l’attaque au couteau de trois militaires français en faction à Nice» et «la menace est toujours là». Et puis, leur pays appréhende le retour d’une cohorte de jihadistes aguerris engagés, avec femmes et enfants, en Syrie et en Irak sous la bannière de «l’État islamique» (Daech). «La France est en guerre contre le terrorisme», ne cesse-t-on pas de dire, et cela n’est pas de nature à rassurer les Français et les touristes étrangers… même s’il fait monter la cote de popularité de certains dirigeants politiques.
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