Ali, un homosexuel tunisien, a fui à l’étranger. Il témoigne pour dénoncer la répression familiale et celle exercée par la société sur l’orientation sexuelle.
Le jeune homme, originaire de Sidi Bouzid, explique, dans un témoignage poignant adressé à l’association tunisienne Shams, les raisons qui l’ont amené à fuir la Tunisie.
Me Mounir Baatour, président de l’association spécialisée dans la défense des droits des homosexuels et avocat de son état, nous a transmis ce témoignage pour dénoncer le rejet dont sont victimes les homosexuels dans la société tunisienne et les conséquences de leur marginalisation sociale.
Ali affirme avoir bénéficié du soutien de sa mère et de sa soeur, mais son père et ses frères n’ont cessé de le maltraiter, à cause de son homosexualité.
«Dans la rue, les passants me raillaient et m’insultaient car ma démarche efféminée les dérangeait. Pour eux, je n’étais pas un homme. J’ai aussi été victime d’agression policière, à Sfax, où je vivais avec ma famille. Mon père et mes frère disaient que j’étais une honte pour eux et me battaient souvent pour faire de moi un homme, comme ils disent», raconte Ali.
Un jour, le jeune homme a été enlevé par 3 jeunes de son âge qui l’ont battu et violé, pour lui «donner une correction». Ils auraient aussi filmé la scène du viol et menacé de diffuser la vidéo s’il en parlait. «J’ai reconnu l’un de mes violeurs, qui était élève dans le même lycée que moi. Ils m’ont emmené dans une maison située à Chaffar et, tout en me torturant, ils me disaient qu’ils allaient faire de moi un homme», poursuit Ali.
Ce fût la goutte d’eau qui fit déborder le vase et qui l’a amené à tenter de se suicider. C’était l’année de son baccalauréat.
Ali a, cependant, obtenu son diplôme, grâce au soutien de sa maman, mais le cauchemar s’est poursuivi à la faculté où il a été la cible des moqueries et totalement marginalisé pendant 2 ans, avant de quitter la Tunisie grâce à l’aide de sa maman, pour aller dans un pays européen.
«Je suis rentré pour les vacances et, à ma grande surprise, j’ai été arrêté et envoyé dans une caserne pour passer mon service militaire. Sans entrer dans les détails, ce fut pour moi une année de galère», raconte encore Ali, qui a fini par fuir de nouveau, mais vers un pays du Golfe cette fois, à cause notamment des menaces de mort émanant des membres de sa famille.
Entre-temps, son père est décédé et il n’a même pas pu assister à ses funérailles, de peur que sa famille ne mette ses menaces à exécution.
«Je suis triste, profondément triste et accablé. Ma mère veut me voir et elle me manque, mais il m’est impossible de lui rendre visite. Quelle religion et quelle loi peuvent justifier cette inhumanité et cette hostilité à la liberté ?», a conclu le jeune homme, qui pense à partir dans un autre pays européen, car là où il se trouve aujourd’hui, la liberté des homosexuels n’est pas, non plus, reconnue.
Yüsra Nemlaghi
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