Un présumé terroriste tunisien a été remis, mercredi 8 mars 2017, par l’Allemagne aux autorités tunisiennes. Son avocat estime qu’il aurait dû être jugé en Allemagne…
Par Marwan Chahla
«Berlin est accusé de permettre à la Tunisie ‘‘de faire sa sale besogne à sa place’’, après avoir décidé de déporter le ressortissant tunisien Charfeddine T., alias Ashraf T., malgré les craintes sérieuses que le terroriste présumé serait jeté en prison, dès son arrivée, et torturé», rapporte, mercredi 8 mars 2017, le site de la Deutsche Welle (DW).
Charfeddine T., 24 ans, a été arrêté à Berlin, en novembre dernier, lorsque les procureurs fédéraux allemands avaient statué qu’il était membre de l’organisation terroriste de l’Etat islamique (EI, Daêch).
Des contacts avec un membre de Daêch
«Les enquêtes en cours semblent indiquer que le suspect avait établi des contacts avec un membre de l’EI en Syrie qui était en charge des opérations de l’organisation terroriste à l’étranger», disait, à l’époque, un communiqué d’un procureur fédéral allemand. «Ainsi, nous sommes en droit de penser que l’ordre lui a été donné de planifier une attaque terroriste en Allemagne», ajoutait cette déclaration.
A l’époque également, le ministre allemande de l’Intérieur Thomas de Maizière avait salué cette réussite des renseignements allemands: «Je suis très heureux qu’il nous a été possible d’’arrêter ce suspect», avait-il déclaré aux médias, louant les efforts des forces de sécurité allemandes «qui font tout pour empêcher qu’une attaque terroriste soit menée en Allemagne.»
Cependant, lorsque Charfeddine T. a été transféré au Tribunal fédéral de Karlsruhe, la cour avait constaté que l’enquête préliminaire de la police allemande ne fournissait pas assez de preuves soutenant les accusations que le suspect était soit un membre de Daêch ou qu’il préparait un attentat terroriste…
Au lieu de le remettre en liberté, la police a de nouveau transféré Charfeddine T. à un tribunal de district et l’a arrêté, une nouvelle fois, pour falsification de documents puisqu’il avait voyagé avec un faux passeport syrien.
Ensuite, le suspect a été maintenu en garde à vue pendant 5 semaines jusqu’au jour où, à la mi-décembre de l’année dernière, les procureurs fédéraux allemands ont déposé un mandat d’arrêt contre lui, renouvelant encore une fois les charges d’appartenance à l’EI et la prise de contact avec un membre de l’organisation terroriste de l’EI en Syrie – exprimant, pourtant, certaines réserves quant à la possible préparation d’un attentat en Allemagne.
Des informations fournies par le FBI
Selon l’avocat du terroriste présumé, Me Jonathan Burmeister, les accusations portées contre Charfeddine T. s’appuient sur des informations fournies par le FBI américain et la Verfassungsschutz, l’Agence allemande du renseignement interne.
Une nouvelle fois, la Cour fédérale a approuvé que le suspect soit placé en détention préventive.
Mais, au lieu d’être jugé en Allemagne, les autorités allemandes ont tout simplement choisi d’expulser Charfeddine T. vers la Tunisie. Et, au micro de la DW, Jonathan Burmeister s’insurge: «Les autorités tunisiennes disent, elles aussi, que le suspect appartenait à la mouvance jihadiste. C’est pour cette raison que je crains que, dès qu’il arrive en Tunisie, il sera envoyé en prison et, là, on peut s’attendre à ce qu’il soit torturé. C’est ce qui arrive fréquemment en Tunisie, lorsqu’on est soupçonné de jihadisme.»
Me Burmeister en veut pour preuve le dernier rapport d’Amnesty International sur la torture dans les prisons tunisiennes…
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