Le parti islamiste Ennahdha a appelé, mercredi 22 mars 2017, au retrait de l’autorisation du point de vente de boissons alcoolisées à El-Jem. Quelques heures plus tard, il a été fermé.
Un groupe d’extrémistes religieux, soutenus par des marchands illégaux d’alcool, ont protesté, depuis samedi 18 mars, contre la réouverture d’un point de vente de boissons alcoolisées autorisé à El-Jem (Mahdia).
Cette histoire remonte à plus d’un an et le propriétaire du commerce a eu une décision de justice en sa faveur, mais les protestataires ont décidé de faire pression pour le faire fermer. Aussi les protestations se sont-elles transformées en affrontements avec la police et en blocages des routes et de la voix ferrée reliant Tunis et Gabès.
Réuni, hier, le bureau exécutif du parti islamiste a appelé, dans un communiqué publié à l’issue de la réunion, les autorités à «calmer le jeu à El-Jem et à retirer l’autorisation au commerçant». Les autorités se sont exécutées avec une rare célérité, en fermant le commerce, faisant fi de l’autorisation administrative et de la décision de justice.
Que faut-il en penser ? Que nous vivons déjà dans une république islamique? Que les islamistes gouvernement déjà le pays?
Ennahdha, qui a volé ainsi au secours d’un groupe d’extrémistes religieux, soutenus en sous-main par des contrebandiers, avancera probablement l’argument de l’intérêt général et de la préservation de la sécurité dans le pays. Il ajoutera que le blocage de la voix ferrée a causé de grosses pertes financières à la Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT).
Tout cela est vrai, mais on pourrait aussi se demander pourquoi ce parti n’a-t-il pas dénoncé les mouvements de protestation et les grèves qui ont paralysé les collèges et lycées, ni la grève générale des médecins, qui a causé des désagréments aux malades, venant souvent de très loin pour se faire soigner, ni toutes les autres actions nuisibles à l’intérêt général et à la sécurité publique, auxquelles les militants du parti islamiste prenaient part systématiquement.
On peut se demander aussi si pour Ennahdha la loi en Tunisie est juste bonne pour être transgressée par une poignée d’extrémistes religieux, que dérange la vente d’alcool aux citoyens.
Y. N.
Donnez votre avis