Après la fermeture du dépôt de vente d’alcool à El-Jem, Ridha Jaouadi veut en faire autant avec celui de Sfax.
Il fallait s’y attendre après la très courageuse reculade des autorités: après la «victoire» des extrémistes religieux d’El-Jem, soutenus par le parti islamiste Ennahdha, qui ont réussi à retirer l’autorisation de vente d’alcool à la chaîne Magasin Général à El-Jem, et l’appel de l’imam salafiste Béchir Ben Hassen à en faire autant pour le magasin Monoprix à Msaken, Ridha Jaouadi, l’imam extrémiste de Sfax, ne pouvait évidemment pas rester en retrait de cette campagne orchestrée par les islamistes contre la vente d’alcool, prélude à l’interdiction de sa consommation, qu’ils espèrent très prochaine. Ne dit-on pas que l’appétit vient en mangeant? Et ces chers islamistes en ont beaucoup…
«L’alcool, qui est responsable des crimes et de la débauche, ne doit plus être vendu à Sfax. D’abord, boire est en soi un acte immoral. Ensuite, ces boissons alcoolisées souillent notre honneur et font perdre la tête aux jeunes», a écrit l’imam Jaouadi dans un post Facebook, ne se gênant pas de porter atteinte aux libertés des Tunisiens, en demandant aux fidèles de se mobiliser à Sfax pour faire interdire la vente d’alcool.
«Comme à El-Jem, chers frères, mobilisons-nous pour purifier notre pays», a-t-il ajouté, dans ce qui annonce de nouvelles agitations, avec la sournoise bénédiction des dirigeants d’Ennahdha, passés maîtres dans la duplicité, avec un pied au gouvernement et un autre dans l’opposition.
L’imam extrémiste de la mosquée Sidi Lakhmi de Sfax, qui avait fait des siennes avant d’être limogé, notamment pour ses discours incitant à la haine contre les laïques, les artistes, les journalistes et les intellectuels progressistes, appelle ainsi ses troupes à se lever comme un seul homme en vue du grand soir islamiste.
L’Etat, qui a reculé à El-Jem, faisant fi d’une décision de justice en faveur du propriétaire du commerce de vente d’alcool, est le premier responsable de la mascarade qui se prépare: une guéguerre contre la vente et la consommation du vin, dans un pays qui se targue d’être démocratique, respectueux des libertés individuelles et, qui plus est, touristique. Les touristes viendront bientôt chez nous pour boire du lait de chamelle.
Yüsra Nemlaghi
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