La création du Front du Salut (FS) devra être officialisée, aujourd’hui, sur un fond de divergences et de démissions.
Par Abderrazek Krimi
Comme cela a été annoncé depuis quelques semaines, la création du Front du Salut (FS), sera annoncée, officiellement, ce dimanche 2 avril 2017. Ses composantes procéderont, au cours de leur réunion d’aujourd’hui, à la ratification du document constitutif qui constituera une plateforme politique commune, le dénominateur commun sur lequel ces composantes hétéroclites ont pu se mettre d’accord.
Un seuil minimal de coordination
Le FS est, en effet, un attelage assez improbable, constitué de partis appartenant à des familles politiques et idéologiques radicalement différentes, car il regroupe, en son sein, le Parti socialiste de gauche (PSG) de Mohamed Kilani, un parti de droite libérale, l’Union patriotique libre (UPL) de l’homme d’affaires Slim Riahi, un parti centriste (la frange dissidente de Nidaa Tounes), un parti hybride, Machrou Tounes de Mohsen Marzouk, qui rassemble des dissidents de Nidaa Tounes, des figures de l’ancien Rassemblement constitutionnel destourien (RCD), et un parti destourien, Al-Watan de l’ancien ministre de la Défense Mohamed Jegham.
En attendant la publication officielle du document constitutif, le principal point qui réunit ces partis est «l’attachement au caractère civil de l’Etat et l’opposition à la tendance rétrograde de l’islam politique». Dans sa plateforme politique, le FS affirme aussi l’engagement de ses composantes à lutter contre la corruption et à œuvrer pour sortir le pays de la crise actuelle.
D’autre part, cette plateforme reconnaît l’autonomie de ses composantes, quant aux décisions liées à leur organisation interne, tout en insistant sur la nécessité de faire exister un seuil minimal de coordination «dans les limites de la plateforme politique convenue».
Des familles politiques et idéologiques radicalement différentes.
Divergences et démissions
Cependant, un point d’ombre important persiste et qui concerne la nature politique de ce front. Dans les différentes déclarations de ses dirigeants, son caractère électoral n’est pas, en effet, clairement affirmé, ce qui a incité certains observateurs à s’interroger sur ses chances de perdurer longtemps.
Il est à rappeler, dans ce cadre, le différend qui a opposé l’UPL et les membres issus de Nidaa Tounes, d’une part, à Machrou Tounes, d’autre part, autour du vote, mardi dernier, à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) du projet d’amendement de la loi sur le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), les différentes composantes du FSP ayant adopté des positions aux antipodes l’une de l’autre.
D’autre part, certaines sources ont indiqué à Kapitalis que des membres de Machrou Tounes ont présenté leur démission et décidé de regagner Nidaa Tounes de Hafedh Caïd Essebsi, sur un fond de désaccord avec Mohsen Marzouk, qui prendrait souvent des décisions sans consulter les autres membres de la direction du parti ni ses structures régionales.
Les démissionnaires semblent ne pas apprécier, également, l’alliance avec l’UPL et son tonitruant président Slim Riahi, au sein du FS en cours de constitution. «Quand on veut lutter contre la corruption, on ne s’associe pas à un homme d’affaires dont l’origine de la fortune est sujette à des interrogations», disent-ils.
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