Djazia Satour (Algérie) et Hindi Zahra (Maroc), deux valeurs sûres de la musique maghrébine, ont meublé l’une des plus belles soirées de Jazz à Carthage.
Par Fawz Ben Ali
Après un concert en l’honneur de la nouvelle scène musicale alternative arabe avec les Palestiniens 47Soul et les Egyptiens Wust El Balad, le festival Jazz à Carthage nous a offert, le jeudi 6 avril 2017, une soirée 100% maghrébine et féminine avec les deux chanteuses aux voix fortes et inimitables.
Djazia Satour : une musique difficilement classifiable
Le public a pu découvrir en début de soirée Djazia Satour, émue et ravie de se produire pour la première fois en Tunisie. Devant le public très exigeant de Jazz à Carthage, la jeune chanteuse et compositrice s’est défendue comme il se doit avec des chansons qui alternaient entre l’anglais et le dialecte algérien comme ‘‘Klami’’, ‘‘Ma ydoumou’’, ‘‘Bittersweet’’… sur des arrangements intuitifs dédiés au live.
Djazia Satour propose une musique difficilement classifiable qui oscille entre le blues, la soul acoustique, la musique africaine et évidemment la mélodie algérienne qui était particulièrement perceptible sur ‘‘ Temet Liyam’’, aux accents Raï.
Après des débuts en tant que choriste du groupe Gnawa Diffusion auprès de son demi-frère Amazigh Kateb et plus tard comme leader du groupe grenoblois MIG, Djazia Satour se lance en solo et s’en sort plutôt bien avec sa propre identité musicale aux influences mêlées.
Le public tunisien a pu découvrir ce soir une figure prometteuse de la musique alternative maghrébine et a apprécié en fin de soirée ‘‘Illinois blues’’ que l’artiste a repris en hommage au blues-man américain Skip James.
Une musique aux mille et une couleurs avec Hindi Zahra
La Diva franco-marocaine Hindi Zahra a assuré la deuxième partie de la soirée avec les vibrations très berbères de ‘‘Ah Yawa’’ avec son habituelle allure de gitane.
Le public a encore une fois répondu présent pour une nouvelle rencontre avec Hindi Zahra qui revient après un superbe concert donné il y a quelques mois dans le cadre du Festival international de Hammamet (2016), et qui est désormais devenue une habituée de la Tunisie, là où «elle se sent comme chez elle», a-t-elle tenu à affirmer sur la scène du Barcelo, cette même scène sur laquelle elle était venue en 2012 défendre son premier album ‘‘Handmade’’ à la 7e édition de Jazz à Carthage.
Hindi Zahra a depuis gagné en maturité artistique, en présence sur scène et en notoriété dans le monde entier. Elle nous revient plus accomplie que jamais avec une musique prolifique et des compositions complètement atypiques pour affirmer son attachement à ses racines berbères mais aussi son ouverture sur toutes les musiques du monde.
Le public tunisien a pu découvrir ou redécouvrir des sons authentiques comme on en entend rarement : ‘‘Imik Simik’’, ‘‘Any story’’, ‘‘Set me free’’, ‘‘To the forces’’… où le blues, le folk, le chaâbi marocain, la musique orientale ou encore touareg vibrent en toute harmonie.
Hindi Zahra, qui ne se repose jamais sur ses acquis, s’est montrée, ce soir-là, particulièrement généreuse, défendant corps et âme cette musique de toutes les couleurs et qui respire la vie.
Alors que le concert semblait avoir pris fin, l’inépuisable artiste est revenue sur scène sous les acclamations de ses fans pour leur offrir une dernière partie avec le délicieux ‘‘Beautiful Tango’’ (titre qui avait déclenché sa carrière en 2009) et son fameux tube ‘‘Stand-up’’.
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