Chedly Ben Ammar vient de publier l’ouvrage le plus complet et le plus fouillé sur son père ‘‘Tahar Ben Ammar, homme d’Etat : La force de la persévérance’’.
Ce volumineux ouvrage de près de 800 pages richement illustré et reproduisant de nombreux documents inédits et de grande valeur historique est sans conteste le document le plus complet sur cet homme politique, né le 25 novembre 1889 à Tunis et mort le 10 mai 1985, qui a joué un rôle primordial dans le mouvement national tunisien et qui, dès 1920, a été président de la première délégation du parti nationaliste Destour pour négocier les revendications tunisiennes avec les autorités coloniales françaises. Et c’est en tant que chef du gouvernement tunisien qu’il a signé les accords d’autonomie interne en 1955 et le protocole d’indépendance en 1956. C’est ce qu’Habib Bourguiba, premier président de la république ne lui pardonnera jamais, en essayant, à partir de 1958, de le marginaliser, de le faire oublier voire de le déshonorer, en le faisant traduire devant la haute cour de justice et en mettant en branle sa machine de propagande et de réécriture de l’histoire.
L’homme, qui décédera en 1985, à 96 ans, fera face à l’ingratitude, à la haine et à l’ignominie, avec courage et abnégation. «Un homme qui a vécu à l’encontre de la haine, qui a aimé dans une période trouble, un homme qui a affronté la violence, les trahisons, la lâcheté, la peur, un homme qui a su pardonner sans toutefois rien oublier», écrira son fils dans cette sorte de roman de la vie de Tahar Ben Ammar, où il a tenté de faire émerger l’action de son père «de l’amas de commentaires dans lesquels Habib Bourguiba a voulu l’enfermer».
L’ouvrage est nourri des récits que Tahar Ben Ammar avait fait de son vivant à ses enfants, des nombreux documents qu’il laissés, des recherches effectuées par l’auteur, des archives, tunisiennes et françaises, et dont certaines sont inédites et jettent de nouvelles lumières sur une période agitée de l’histoire tunisienne contemporaine, et un grand nombre de témoignages des acteurs de premier ordre de cette histoire, ceux en tout cas qui ont accepté de revenir sur certains épisodes sans calcul ou parti-pris.
‘‘La force de la persévérance’’ est un ouvrage qui réhabilite un grand patriote et un leader nationaliste qu’on a cherché à offenser. Il rétablit la vérité sur son parcours irréprochable au service de son pays et le montre tel qu’il fut au regard de tous ceux qui l’ont connu et côtoyé de près. Le fait qu’il soit écrit par son propre fils ne réduit en rien son intérêt, car les faits et les documents historiques présentés parlent d’eux-mêmes et sont mis à la disposition des historiens pour éclairer leur travaux à venir sur une histoire encore récente et dont des pans entiers méritent d’être mieux éclairés.
I. B.
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