Après un long silence, Ahmed Néjib Chebbi a refait surface la semaine dernière avec une lettre ouverte à M. Caïd Essebsi. Zut, on a failli l’oublier !
Par Marwan Chahla
Vendredi 5 mai 2017, le fondateur d’Al-Joumhouri (ancien Parti démocratique progressiste, PDP) a publié une longue lettre ouverte adressée au président de la république Béji Caïd Essebsi, à la veille du discours à la nation de ce dernier, prévu pour demain mercredi 10 mai 2017.
Dans cette correspondance publique de près de 1300 mots, M. Chebbi partage cette inquiétude avec les Tunisiens de voir leur pays «aller droit dans le mur»: que l’Etat tunisien soit impuissant et le gouvernement sans vision, que la frustration et la colère des Tunisiens ne cessent de monter, que l’économie soit exsangue et que les forces de sécurité et de l’ordre n’en puissent plus…
Bref, pour ce vieux briscard de la politique, qui ne compte plus les défaites électorales, il était de son «devoir de tirer la sonnette d’alarme» et de conseiller au locataire de Carthage, qu’il décrit comme étant «le seul et unique véritable détenteur du pouvoir en Tunisie», de «revoir les critères de ses choix et de ses nominations.»
Pour plus de clarté, M. Chebbi est revenu à la charge, sur les ondes de Shems FM et Mosaïque FM, le lundi 8 mai, pour étayer sa lettre ouverte et dissiper aussi certains malentendus que pourrait susciter cette adresse. «Mon seul souci a toujours été celui de servir mon pays», a-t-il indiqué, avertissant qu’«aujourd’hui, plus qu’à aucun autre moment depuis le 14 janvier 2011, le danger est là et il y a un sérieux risque que les protestations qui ont éclaté çà et là dans le pays ne se généralisent.»
Il est donc grand temps, selon lui, que M. Caïd Essebsi assume pleinement ses responsabilités et qu’il fasse une troisième tentative – étant donné que ses deux premiers essais, à savoir les nominations de Habib Essid et Youssef Chahed à la tête du gouvernement, n’ont pas été convaincantes.
Cette fois-ci, M. Chebbi conseille au président de la république de ne pas «obligatoirement prioriser le critère de la jeunesse, mais plutôt d’opter pour celui de la compétence.»
Notre confrère Hamza Belloumi, sollicitant plus amples détails, interroge: «Estimez-vous que vous pourriez faire partie d’une initiative que soumettrait le chef de l’Etat?»
«Croyez-moi, répond M. Chebbi, l’idée de rechercher une fonction au sein de l’Etat n’a jamais effleuré mon esprit, en faisant ce que je suis en train de faire là, en vous parlant là ou en rédigeant la lettre ouverte. Tout simplement, je veux servir mon pays. Je ne suis pas en train d’offrir mes services ou de présenter une demande de poste. Une personne qui propose ses services s’y prendrait autrement: elle n’écrirait pas une lettre ouverte comme je l’ai fait… Il y a d’autres voies pour cela.»
«Moi, je suis un citoyen tunisien qui aime son pays et également un citoyen tunisien qui a acquis une expérience politique de plusieurs décennies», ajoute-t-il.
Pour ceux qui n’ont pas compris, Ahmed Néjib Chebbi, 73 ans, explique que «le rajeunissement et la féminisation [de la fonction de chef de gouvernement ou de ministre ndlr] devraient passer en second lieu, après l’expérience et la compétence.» Et l’expérience, lui, n’en manque pas. C’est, en tout cas, lui qui le dit. Car, en matière de gouvernance, il a juste passé 2 mois à la tête d’un fantomatique ministère du Développement économique dans le gouvernement Béji Caïd Essebsi, de janvier à mars 2011. Et on ne peut pas dire qu’il s’est surpassé ou qu’il a laissé un souvenir impérissable. D’ailleurs, qui s’en rappelle ?
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