La 1ère édition du concours de l’entrepreneuriat tunisien, Bloommasters, organisé par la Fondation Biat, a désigné 9 équipes lauréates.
Par Wajdi Msaed
La cérémonie de remise des prix s’est tenue, le 20 avril 2017, au siège de la Banque internationale arabe de Tunisie (Biat), au centre-ville de Tunis. Une cérémonie festive, présidée par Ismaïl Mabrouk, président du conseil d’administration de la Biat et animée par Wassim Belarbi, notre confrère d’Express FM, qui a permis de dégager les valeurs fondamentales guidant la mission de la fondation Biat : la citoyenneté, l’excellence et la collaboration.
L’engagement citoyen et sociétal
Devant une assistance nombreuse composée de chefs d’entreprises et d’entrepreneurs en herbe, et après avoir salué l’hymne national interprété par la belle voie mélodieuse d’Ines Belayouni, Taher Sioud, président de la Fondation Biat, a rappelé ces valeurs qui portent les actions citoyennes et sociétales de la Biat. C’est pour assumer pleinement ce rôle que cette banque, qui occupe une place de premier plan sur l’échiquier bancaire en Tunisie, a intégré, dès sa création, l’engagement citoyen et sociétal dans sa stratégie de développement, a expliqué M. Sioud, qui a félicité les lauréats et salué les efforts fournis par toutes les équipes qui ont contribué à la réussite de cette événement, dont l’objectif est de valoriser les initiatives entrepreneuriales innovantes et de contribuer à la réussite des entrepreneurs issus de différentes régions de la Tunisie.
Au total 1678 startups se sont inscrites à ce concours, dont les gagnants ont été désignés parmi les 26 finalistes, au terme d’un processus qui a vu 354 projets sélectionnés pour le concours Bloom Masters.
Les 9 gagnants (3 prix pour chacune des 3 catégories: idée, entreprise sociale et start-up) se sont vu remettre des prix d’un montant total de 450.000 dinars tunisiens à raison de 100.000 DT pour les premiers prix, 30.000 DT pour les seconds et 20.000 DT pour les troisièmes.
Cette initiative, pilotée par des compétences et des membres de jury tunisiens et étrangers, a été mise en route en partenariat avec MIT Entreprise Forum Pan Arab, dont la présidente, la Libanaise Hala Fadel, a loué les projets présentés qu’elle a qualifiés d’«innovants, portés par une culture d’innovation que l’on doit encourager et inculquer aux jeunes dans les quatre coins du pays», ajoutant que la Tunisie, qui n’a rien à envier aux autres pays du monde arabe, se prête bien au développement de grands projets.
L’esprit entrepreneurial gagne du terrain
Hassen Zargouni, DG de Sigma Conseil, qui était parmi les invités, a présenté les résultats d’une étude sur l’entrepreneuriat. La moyenne d’âge d’entreprendre en Tunisie est de 33 ans, a-t-il dit, ajoutant que 30% des entreprises tunisiennes survivent à leurs fondateurs, mais uniquement 10% survivent à la 2e génération.
Hassen Zargouni a aussi indiqué que sur 100 startups lancées, 2 à 3 seulement acquièrent une dimension internationale, alors que 30% d’entre elles arrivent à dépasser l’âge de 3 ans.
Hala Fadel.
A la question «Où voulez-vous travailler après avoir terminé vos études?», posée à un échantillon représentatif de jeunes de 18 à 25 ans, avant la révolution de janvier 2011, 70% choisissent la fonction publique. La tendance s’est renversée, aujourd’hui, puisque 55% des sondés optent pour la création de leur propre entreprise, ce pourcentage étant de 54% en France. «C’est un changement remarquable de mentalité et nos jeunes raisonnent comme les gens de leur âge dans le reste du monde», souligne Hassen Zargouni, qui voit dans cette évolution un signe de bonne santé.
Vivre l’aventure d’entreprendre
Malik Nouira, premier prix dans la catégorie start-up pour son projet Prefabulous, nous a déclaré : «Ce concours offre une grande opportunité pour les jeunes animés de bonne volonté et qui veulent vivre l’aventure d’entreprendre». Il a, ensuite, émis le souhait de voir d’autres entreprises faire comme la Biat, et contribuer à la création d’une dynamique d’investissement, de création d’emploi et de réduction du taux chômage, qui reste élevé, notamment parmi les diplômés.
Le projet de Malik Nouira propose une nouvelle manière de vivre son quotidien, grâce à un système d’habitat modulaire préfabriqué en bois, permettant de construire, modifier ou déplacer sa maison au gré de ses envies et de ses besoins.
Rania Mechergui et Skander Rekik.
Un autre projet a retenu l’attention, Dar El Ain, qui a remporté le 2e prix de la catégorie ‘Entreprise sociale’, proposé par Rania Mechergui et Skander Rekik, qui ont opté pour un concept d’écosystème pour la promotion des produits du terroir de Tabarka et Ain Draham, où il est basé, mais aussi de toute la région du nord-ouest, de Sakiet Sidi Youssef (Kef) à Kisra (Siliana). Il est basé sur le développement de circuits éco-touristiques intégrant les artisans, notamment des femmes artisanes rurales ayant un savoir-faire ancestral. «Ces circuits ont le mérite de dégager la diversité naturelle, historique et culturelle de la région», précise Rania Mechergui, qui a créé, avec son partenaire, une société appelée Kolna Hirfa, et lancé un show-room présentant les produits des artisans pour faciliter leur commercialisation.
Les deux jeunes entrepreneurs prévoient la mise en place d’un éco-parc regroupant artisans, architectes, designers et étudiants aidant à la découverte des secrets de cette région riche de ses ressources naturelles encore inexploitées.
«Kolna Hirfa est une entreprise sociale et solidaire à la recherche des fonds nécessaires pour sa mise en œuvre», a lancé en conclusion Rania Mechergui, qui se plaint de l’absence de soutien à cette initiative de la part des instances concernées, notamment le ministère du Tourisme.
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