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Les Américains, le pétrole, Tataouine et nous

Conformément à un plan américain, le morcellement du Monde arabo-musulman a déjà commencé au Moyen-Orient et se poursuivra au Maghreb.

Par Kamel Essoussi *

Et si on s’aménageait une petite halte au milieu de cette bourrasque qui emporte le monde arabe de Mossoul à Tataouine pour comprendre ce qui nous arrive et où on va ? Pour cela tout doit analysé et resitué dans son environnement macro-historique.

Bush et son gang ont brisé l’Irak, pour «redistribuer les cartes du Moyen-Orient», ce qui veut dire mettre la main sur ses ressources en gaz et en pétrole. Le Moyen-Orient ne devrait plus être fait d’États menés de main de maître par des Saddam Hussein, des Bachar Al-Assad ou des Hosni Moubarak, mais constitué de califats, d’émirats, comme les pays du Golfe, une aubaine pour les affaires, donc pour Washington.

Trump et la danse des épées.

Trump et les Américains danseront sur nos tombes. 

La danse des épées

Ce processus de fragmentation, en petits royaumes et émirats, des vastes contrées du Moyen-Orient va bientôt s’achever. L’islam radical ou «l’islam en colère», selon l’expression de Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha, le parti islamiste tunisien, aura bien joué le rôle qu’on lui avait assigné. Dans cette démarche : déblayer le terrain pour le démembrement de la région… Avec, toutefois, quelques imprévus pour la Syrie où l’entrée en lice de la Russie nécessitera des variantes de solution et un chamboulement des tracés de frontières par rapport au plan initial.

Globalement, la politique américaine au Moyen-Orient est réussie. Trump, fraîchement élu, peut débarquer en conquérant sur la terre d’islam, rafler la mise des contrats juteux d’armement et pomper chez le roi Salman, son serviteur et celui des lieux saints, un premier pactole de quelque 480 milliards de dollars. Il esquissera, pour exprimer sa joie, quelques pas de danse des épée devant un parterre de 50 dirigeants de pays vassaux musulmans, échangera quelques poignées de mains, leur adressera un conseil sur la nécessité d’en finir définitivement avec l’islam radical en le chassant des quelques poches où il a trouvé refuge, à Mossoul et Rakka, puis s’en ira en Israël boire un bon coup avec son ami Benjamin Netanyahou et prier devant le mur des lamentations.

Le pire reste encore à venir

Vous croyez que c’est fini? Attendez-vous au pire, qui reste à venir. L’heure a sonné maintenant pour s’occuper un peu des pays du Maghreb. Il faut qu’ils soient éclatés en émirats pétroliers, eux aussi. Trump n’y refera pas la même faute que ses prédécesseurs. Non, il n’ira pas jusqu’à y installer un califat dirigé par un Baghdadi bête et méchant, difficile à mater et aux réactions imprévisibles et sanguinaires, comme au Bataclan à Paris ou dernièrement à Manchester. Il n’ira pas aussi jusqu’à installer un califat à la Hamadi Jebali, un peu farfelu et par trop comique. Juste des petits bouts de territoires qu’on va installer à la suite de troubles fomentés, non par des salafistes radicaux, de véritables bombes humaines non maîtrisables et qui peuvent vous exploser en pleine figure. Non ! Cette fois, les changements seront assurés de façon moins violente par des bombes light expérimentales frappée du sceau de l’«islam démocratique», comme aime l’appeler son inventeur, Rached Ghannouchi, c’est-à-dire un islam radical, mais pas trop.

Et dans ce plan, quel pays mieux que la Tunisie, anesthésiée par son simulacre de démocratie, pour aider à mettre la main sur sous le sol riche en pétrole et gaz de la Libye et de l’Algérie.

Abdelhakim Belhaj, en Libye, a déjà mis en place les conditions de la métastase souhaitée dans ce pays travaillé par une mentalité tribale. Il reste maintenant à commencer le travail de morcellement de l’Algérie où le président Abdelaziz Bouteflika, l’un des derniers dinosaures de la politique (avec Béji Caïd Essebsi en Tunisie) n’en finit pas d’agoniser.

Comment? Par le biais de troubles fomentés dans le sud tunisien, selon les mêmes techniques déjà expérimentées en Libye, avec la mise en place d’émirats autour des puits du pétrole. Il suffit, pour cela, de faciliter le passage des armes et de la chair à canons des moujahidines à travers des frontières transformées en passoires pour les besoins de la cause.

Ghannouchi

Rached Ghannouchi, notre agent à Tunis. 

La sale besogne des islamistes

Les islamistes de service d’Ennahdha, installés au pouvoir en Tunisie avec l’aide de John Mac Cain, puis imposés au vieux président Beji Caid Essebsi après leur éviction suite à des élections dans les règles de l’art, ont déjà fait la preuve de leur efficacité en contribuant à la destruction de la Syrie.

Les Moncef Marzouki et Imed Daimi, du Harak Tounes El-Irada, ont contribué eux aussi à cette sale besogne, mais de manière encore plus tapageuse.

Tous sont de service La première tentative de prise de contrôle de la ville frontalière de Ben Guerdane, le 7 mars 2016, ayant échoué, rien n’empêche de faire d’autres tentatives ailleurs. Et si la gauche tunisienne, toujours aussi naïve, idiote et stalinienne, pourrait être mise à contribution pour aider à alimenter les troubles sous couvert de revendications sociales, et accélérer la déstabilisation de la Tunisie.

Le pire est à venir oui. Et on en a vu les prémices avec les émeutes de ces derniers jours à Tataouine, avec le siège des sièges de la police et de la garde nationale, symboles de l’Etat, saccagés et mis à feu, et les violences à El-Kamour.

Oui, le pire sera bientôt au rendez-vous, qui sera une ultime humiliation à des peuplades arabo-musulmanes soumises, infantilisées et incapables d’accéder à l’âge adulte.

* Consultant.

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