Pour Ons Jabeur, qui a franchi l’obstacle du 2e tour du Roland Garros 2017, «l’histoire continue.» Elle joue aujourd’hui contre la Suissesse Timea Bacsinszk.
Par Marwan Chahla
Arrêt sur l’image d’Ons Jabeur, 22 ans, qui venait d’arracher haut la main la plus brillante victoire de sa carrière: elle a fait flotter le drapeau tunisien sur le Court Suzanne Lenglen, le 2e plus grand terrain de tennis de Roland Garros.
«Un instant historique, mais…»
Il y avait de quoi, ce mercredi 31 mai 2017, pour Ons Jabeur d’accorder à cette victoire du 2e tour du Roland Garros 2017 autant d’emphase: la tenniswoman tunisienne, 114e mondiale, venait de battre la N°6 mondiale, la Slovaque Dominika Cibulkova, devenait non seulement la première Tunisienne à accéder au 3e tour d’un tournoi du Grand Chelem, mais également la 1ère arabe.
«Bien sûr, c’est un moment historique, a-t-elle déclaré, mais je préfère garder les pieds sur terre et me concentrer sur ce qui est à venir – pour que je puisse continuer à écrire l’Histoire. Pour moi, ce n’est pas fini. C’est le début de mon rêve.»
A près de 5.000 kilomètres de Paris, la victoire d’Ons Jabeur a soulevé une vague d’émotion chez un de ses mentors les plus proches, Sélima Sfar, ancienne vedette du tennis tunisien, celle qui fut la seule joueuse arabe à avoir été classée parmi les 100 premières tenniswomen mondiales – Ons Jabeur aura cet honneur, elle aussi, si elle bat, aujourd’hui, la Suissesse Timea Bacsinszky.
Alors qu’elle regardait le match Jabeur vs Cibulkova, à Doha, où elle est commentatrice à la télévision, Sélima Sfar s’est dite comblée de joie – non pas seulement pour l’exploit de son amie et compatriote, mais également parce qu’elle craignait que le relais du tennis arabe féminin qu’elle avait porté n’aille pas plus loin.
«Pour que cela ne soit plus un miracle»
«Une fois qu’Ons a franchi le pas, c’était comme si une porte s’était ouverte… L’émotion que cette victoire a éveillée en moi était indicible. J’en ai pleuré. D’une certaine manière, j’ai eu le sentiment qu’Ons a donné une signification pleine aux sacrifices que j’ai consentis, aux moments difficiles que j’ai connus le long de mon parcours et aux efforts que j’ai faits pour que cela arrive», a déclaré Sélima Sfar.
Plus encore, pour Sélima Sfar, «cette victoire d’Ons Jabeur est vraiment importante pour tous les pays arabes et surtout pour l’image de la femme dans les pays arabes. C’est une très bonne chose que les jeunes filles arabes soient élevées avec des exemples comme Ons Jabeur qui leur montrent la voie de ce qui est possible pour elles (…) Pour que l’accès d’une tenniswoman arabe à la demi-finale d’un tournoi du Grand Chelem ne soit pas un rêve inatteignable, pour que cela ne soit plus un miracle, mais plutôt quelque chose de tout à fait réalisable…»
Pour la journaliste égyptienne Reem Abdoulleil du quotidien ‘‘Sport 360’’, la victoire de Jabeur de mercredi a été le moment le plus significatif dans toute sa carrière de journaliste sportive. «Pensez-y comme il faut. Ceci se passe à un moment où, d’une manière générale, les Arabes et les musulmans ne figurent pas dans les infos pour de bonnes raisons. C’est tout simplement fantastique qu’il y ait une arabo-musulmane qui réalise cela. Et cet exploit est de portée planétaire: ceci s’est passé sur le Suzanne Lenglen; battre une tenniswoman du top-10; passer au 3e tour –c’était quelque chose d’une ampleur inégalée…»
Rendez-vous est donc pris pour la confrontation des 16e de finale de Roland Garros entre Ons Jabeur et Timea Bacsinszky, 31e mondiale, sur le court N°1.
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